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Elchin Javadov/shutterstock
Sidérurgie

Novasco. Trois usines fermées, une reprise minimale

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Industrie Sidérurgie CGT Social

La messe est dite pour Novasco. Après onze ans d’agonie industrielle ponctuée de quatre redressements judiciaires, la chambre commerciale de Strasbourg a tranché. Une seule des quatre usines survivra. Les trois autres seront liquidées. À Hagondange, Custines et Saint-Étienne, c’est plus de cinq cents salariés qui apprennent qu’ils n’ont plus d’avenir dans l’acier, si ce n’est celui d’un plan social à négocier sous la pluie et les fumées de pneus brûlés.

L’offre retenue ne sauve qu’un site, celui de Leffrinckoucke près de Dunkerque, repris par le groupe Métal Blanc. À peine cent quarante emplois préservés sur près de sept cents. Tout le reste disparaît.

À Hagondange, plus grand site du groupe et fierté ouvrière de Moselle, la coulée électrique va s’éteindre définitivement. Le four qui alimentait l’automobile française depuis des décennies sera réduit au silence. C’est la fin d’une histoire et le début d’un champ de ruines.

Les salariés ne se racontent plus d’histoires. Depuis mercredi, ils savent que les jeux sont faits. Devant les portails, les braseros reprennent la place qu’ils occupent dans tant de drames industriels de l’Est. Ce lundi matin encore, ils étaient des dizaines à veiller devant les bureaux du site, fatigués, en colère, persuadés d’avoir tout tenté ces derniers mois.

Il ne leur reste qu’une bataille, celle du plan de sauvegarde de l’emploi. Ils demandent des mesures à la hauteur du saccage vécu. Du matériel informatique pour ceux qui devront se reconvertir. Des aides pour se déplacer. Le strict minimum pour retomber sur leurs pieds.

Le gouvernement, lui, cherche désormais un coupable. Il a décidé de poursuivre Greybull Capital, le fonds britannique qui avait repris l’entreprise en 2024 avec la promesse d’y injecter quatre-vingt-dix millions d’euros. Les salariés n’ont jamais vu cet argent. Seul un million et demi a été versé. L’État, qui avait tenu ses engagements financiers, parle de repreneur voyou. Une expression rare dans la bouche d’un ministre mais à la mesure du désastre.

Reste la question que personne n’élude plus. Que faire de ce qui demeure de Novasco. À Hagondange, l’exécutif jure qu’il ne laissera pas le site être dépouillé. Des reconversions sont évoquées, y compris vers des activités militaires. Trop tôt pour dire si ces pistes relèvent d’un plan industriel ou d’un paravent politique destiné à calmer la colère.

Ce qui est certain, c’est que Novasco n’est plus qu’un symbole de plus d’un mal profond. Celui d’une filière stratégique laissée aux mains de fonds irresponsables, d’un État qui paie mais ne maîtrise pas, d’ouvriers qui encaissent les promesses non tenues et les fermetures en chaîne. Un pays qui ferme des aciéries ne peut pas prétendre reconstruire son industrie.

Et ce 17 novembre restera comme un jour de plus où l’on a laissé l’acier français s’éteindre dans l’indifférence résignée des puissants et la dignité meurtrie de ceux qui le produisaient.

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