Entre la CGT et le Tour de France, c’est une histoire qui remonte au moins à 1947. Le syndicat ouvrier et son journal La Vie ouvrière ont toujours été dans la caravane pour rencontrer le public à l’occasion de ce grand rendez-vous populaire, au moment où débutent les congés d’été.
La frilosité du maire de Valenciennes
Il était donc bien normal, cette année, que la CGT d’ArcelorMittal de Dunkerque soit présente sur l’étape entre Valenciennes et Dunkerque. C’est ce que n’a vraisemblablement pas compris le maire (Horizons) de Valenciennes, Laurent Degallaix. Ce dernier n’a en effet pas souhaité voir les syndicalistes prendre la parole sur une tribune, au départ de l’étape, afin de défendre les 630 sidérurgistes dunkerquois menacés par un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).
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Pourtant, le secrétaire de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, Gaëtan Lecocq, avait bien fait les choses. Alors que, le 1er mai, avant la manifestation de la fête des travailleurs dans la cité de Jean-Bart, le secrétaire de l’Union départementale Nord de la CGT, Jean-Paul Delescaut avait brandi la menace d’un blocage de l’étape Valenciennes – Dunkerque, le responsable dunkerquois a opté pour une stratégie plus fine et plus payante.
En compagnie de la secrétaire nationale, Sophie Binet, il a négocié avec la direction du Tour pour une action syndicale à Valenciennes : tribune, voiture supplémentaire au sein de la caravane, distribution de t-shirts tout au long du parcours.
Dans l’équipe de Christian Prudhomme, le directeur du Tour, on n’a pas mégoté. Forcément, l’idée d’un blocage qui aurait terni l’épreuve 2025, faisait frémir. Le souvenir du 7 juillet 1982 reste dans la mémoire des dirigeants du Tour. Cette année-là, à l’instigation de la CFDT, les ouvriers sidérurgistes d’Usinor-Denain avaient bloqué les coureurs de l’étape Orchies – Fontaine-au-Pire, une petite commune du Cambraisis qui s’était ardemment préparée pour recevoir dignement les sportifs.
Événement populaire
43 ans plus tard, alors que la lutte des ArcelorMittal France porte sur l’exigence d’une nationalisation du groupe, la CGT tient à rappeler que le syndicalisme ne consiste pas à mettre des bâtons dans les roues (que ce soient celles des cyclistes ou de la population), il n’était pas question d’un autre blocage. À Dunkerque, Gaëtan Lecocq et son syndicat, comme celui d’Arcelor Mardyck, ne lâchent rien et n’ont rien voulu gâcher après plus d’un an de combat. « Ce que nous voulons, c’est garder nos emplois », a-t-il répété face aux micros des journalistes, ce 7 juillet.
Alors, l’action a été reportée à Dunkerque. Soutenue par Sophie Binet, qui a fait le déplacement, la CGT a organisé un événement populaire pour les salariés et leurs familles en organisant une marche sur les 400 derniers mètres de l’arrivée (en franchissant la ligne avant les coureurs) et en étant présente à l’arrivée. C’était l’occasion de rappeler, les élus locaux et nationaux ne peuvent l’ignorer, que si rien n’est fait pour l’industrie sidérurgique française, en 2029, ce seront 20 000 emplois directs et indirects qui disparaîtront dans le Dunkerquois.