Certes, elles et ils étaient plus nombreux (environ 2 500) le 1er mai 2023 pour marcher contre la réforme des retraites. Elles et ils étaient 500 l’an dernier. Cette année, toute la population dunkerquoise était appelée par la CGT à marcher pour défendre la sidérurgie et, au bout du compte, l’ensemble de l’industrie en France.
Dès 10 heures, ce jeudi matin, la foule s’était massée devant le siège syndical, la salle de l’Avenir, rue du Ponceau à Dunkerque. L’âme du long combat des dockers, jusqu’à la réforme de juin 1992, était à nouveau présente.
Après les prises de parole de la CGT locale, régionale et départementale, de la FSU, de Solidaire Sud et de Gaëtan Lecocq, secrétaire de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, le cortège a traversé la ville durant plus d’une heure sur les notes de l’Internationale jouées par la fanfare qui ouvrait la marche.
« Tout le monde veut être sur la photo ! »
Mais auparavant, durant les prises de parole, Gaëtan Lecocq a une fois de plus montré sa colère et sa détermination. Coiffé de son casque de sidérurgiste et revêtu de sa tenue de travail d’ArcelorMittal, il ne s’est pas montré dupe. « Aujourd’hui, tout le monde veut être sur la photo ! », a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants politiques nationaux et locaux qui s’étaient déplacés. « Mais j’en ai marre, a-t-il poursuivi. Maintenant, je veux des actes ! » Voilà des mois qu’il en appelle aux politiques pour intervenir et sauver la sidérurgie, non seulement dunkerquoise, mais aussi française et européenne. « Car en fait, c’est l’ensemble de notre industrie qui est concernée », n’a-t-il de cesse de répéter.
Alors, comme l’avait fait juste avant lui le secrétaire départemental Nord de la CGT, Jean-Paul Delescaut, il lance un ultimatum au chef de l’État. « Si d’ici deux mois vous n’avez pas nationalisé ArcelorMittal, il n’y aura pas d’étape du Tour de France entre Valenciennes et Dunkerque », a prévenu Jean-Paul Delescaut. « S’il n’y a rien, on bloquera tout ! », confirme Gaëtan Lecocq. Et il annonce que le mardi 13 mai, une vingtaine de bus, s’il le faut, emmèneront les ouvriers à Paris, pour le prochain CSE d’ArcelorMittal. Il invite à ne pas oublier que le territoire dunkerquois est « une terre ouvrière ».
« L’acier devrait être un bien commun »
Pour le syndicaliste, « l’acier devrait être un bien commun ». C’est pour cela, estime-t-il, qu’il faut nationaliser cette industrie. Et de répéter à nouveau : « Si ArcelorMittal tombe, c’est l’ensemble des Hauts-de-France qui va tomber. Voilà un an que nous alertons et que l’on nous rit au nez. J’aurais voulu passer pour l’idiot du village, mais aujourd’hui, les chiffres sont là ! » Alors, il rappelle les annonces récentes d’ArcelorMittal, mises à jour : 636 postes seront supprimés dans sept sites des Hauts-de-France, dont 295 à Dunkerque, 7 à Mardyck et un à Desvres. La direction a beau contester (0 poste touché à Desvres) et affirmer que les suppressions de postes annoncées ne correspondent pas forcément à des suppressions d’emploi. Personne, aujourd’hui à Dunkerque, ne veut y croire. Certains, dans le cortège de ce 1er mai, expliquaient que le nombre de manifestants aurait pu être plus important, mais la réalité ferait qu’il est trop tard pour changer les choses. Tel n’est pas l’avis de Gaëtan Lecocq et de ses alliés de la CGT. Il répète encore et encore que la direction d’ArcelorMittal s’apprête à déclencher un tsunami si l’on tient compte des emplois induits dans le dunkerquois et des secteurs économiques qui dépendent de l’industrie sidérurgique.
Le maître mot de cette matinée du 1er mai 2025, à Dunkerque, aura été « nationalisation ». À l’instar de ce qui a été décidé en Grande-Bretagne et de la mise sous tutelle du géant de la sidérurgie en Italie. Le slogan qui flottait lors de la manifestation : « Du métal sans Mittal ».