« Une mascarade ». En ces temps de carnaval dunkerquois, le mot est plutôt bien choisi. Il est lancé par Gaëtan Lecocq, le secrétaire CGT d’ArcelorMittal. « Ces investissements relayés dans la presse n’en sont pas vraiment, explique-t-il. Et cela n’a de toute façon rien à voir avec le projet de décarbonation. » Un projet indispensable mais qui demeure cependant gelé depuis la fin de l’année dernière.
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Maintenance ordinaire
Cette enveloppe de 255 millions d’euros porte pour partie (150 à 170 M€) sur la rénovation du haut- fourneau n°4 (HF4), qui sera mis à l’arrêt durant trois mois à partir du 15 avril, la chaîne d’agglomération qui alimente ce dernier, et un convertisseur de l’aciérie. Ce sont donc des investissements pour des travaux de maintenance « sans lesquels la production ne pourrait finir l’année. »
En principe, ce haut-fourneau, l’un des plus grands d’Europe, doit être rénové une fois tous les 20 ans. Comme la CGT l’avait déjà expliqué, la rénovation du HF4 était au départ prévue pour que le site vive jusqu’en 2050. Mais l’an dernier, en début d’année, la direction a réduit ses ambitions en prévoyant une rénovation de manière à pouvoir produire jusqu’à 2040. Le but : faire des économies. Finalement, en juin 2024, elle a encore réduit la voilure en prévoyant une « rustine qui permettrait à l’outil de tenir dans le meilleur cas jusqu’en 2029. »
Pour Gaëtan Lecocq, il n’y donc rien de neuf, hélas, pour l’avenir du site. Le groupe ArcelorMittal explique de son côté que ces travaux vont permettre de « maintenir l’efficacité » de l’outil et de se préparer à la « prochaine phase de décarbonation ». C’est ce que met précisément en doute la CGT. À Dunkerque, le groupe avait prévu, avec l’aide de l’État, d’investir 1,8 milliard d’euros pour son plan de décarbonation. Pour le syndicat, rien ne dit que ce plan reprendra. La délocalisation d’activités support des sites européens vers l’Inde reste une décision difficile à avaler.
Un nouveau meeting à Dunkerque le 19 mars
Que ce soit à Fos-sur-Mer, à Florange, à Dunkerque ou sur l’ensemble des sites du groupe, les salariés vivent très mal la situation. « Il y a beaucoup de départs. Même les plus vaillants baissent les bras, constate Gaëtan Lecocq. Les trois lettres que j’entends le plus fréquemment sont ’’P.S.E’’. Les salariés ont vraiment l’impression que ça leur pend au nez ». Seule lueur d’espoir, le meeting organisé à la salle de l’Avenir de Dunkerque, le 23 janvier dernier, a permis de franchir une étape en rendant les politiques plus attentifs à l’avenir du site et à l’avenir de la sidérurgie française.
Alors, la CGT va renouveler son initiative ce mercredi 19 mars, toujours salle de l’Avenir. Elle appellera à un rassemblement avec des représentants des filiales françaises, des représentants politiques et des syndicalistes. La secrétaire nationale de la CGT Sophie Binet, qui avait apporté son soutien via une vidéo en janvier, sera cette fois personnellement présente.