Le Sénégal accélère sa conquête spatiale avec GAINDESAT-1B, nanosatellite jumeau de GAINDESAT-1A lancé en novembre 2023. Confirmée par le Pr Gayane Faye, coordonnateur du Centre Spatial National Sénégalais (SENSAT), cette progression technique illustre la volonté du pays de s’approprier la chaîne complète de production satellitaire – de la conception aux applications sur le terrain.
Des satellites « Made in Sénégal » pour l’émergence
Dans le cadre du « Plan Sénégal Émergent 2035 », cette constellation vise à fournir des données locales pour optimiser l’agriculture, surveiller les ressources en eau, ou anticiper les catastrophes climatiques. Une nécessité pour un État dont 70 % de l’économie dépend de secteurs climato-sensibles.
L’assemblage à Montpellier s’inscrit dans un transfert de compétences stratégique : les ingénieurs locaux, formés par des partenaires français (dont le CNES), acquièrent un savoir-faire qui permettra à terme un montage intégral à Dakar. « Chaque boulon serré ici construit notre souveraineté technologique », souligne un technicien sénégalais sous couvert d’anonymat. Le modèle CubeSat 6U retenu, compact et modulable, réduit les coûts tout en ciblant des missions précises : résolution de 5 mètres/pixel, couverture du territoire 2 fois/jour, et analyse multispectrale des sols.
L’humain au cœur de la révolution orbitale
Derrière la prouesse technologique, SENSAT mise sur un vivier de talents locaux. Douze ingénieurs sénégalais – sélectionnés parmi 400 candidats – travaillent actuellement sur GAINDESAT-1B à Montpellier, encadrés par le laboratoire SpaceCubes. Leur formation intensive inclut le câblage électronique, les tests de résistance aux vibrations et la programmation des charges utiles. « Ces experts deviendront les formateurs de la prochaine génération au Sénégal », précise le Pr Faye. Un investissement humain crucial pour atteindre l’objectif : réaliser 80 % des composants du prochain satellite (GAINDESAT-2) sur le sol africain d’ici 2027.
La coopération internationale reste un levier clé. Si l’Université de Montpellier fournit l’infrastructure technique, l’Agence spatiale européenne (ESA) appuie le traitement des données, et la Banque mondiale finance 30 % du projet via l’initiative « Regional African Satellite Constellation ». Mais l’accent persiste sur l’appropriation locale : les images de GAINDESAT-1B seront analysées à Diamniadio, où le futur Centre spatial sénégalais entrera en fonction fin 2025. Une étape symbolique pour une nation déterminée à passer du statut d’utilisateur à celui de concepteur de solutions spatiales.
GAINDESAT-1A, le pionnier
- Surveillance des cultures et du littoral (érosion côtière)
- 3,8 kg, orbite à 520 km, durée de vie 3 ans
- 12 000 agriculteurs utilisent déjà ses prévisions pour l’irrigation
- Coût : 1,2 million d’euros (60% financés par des partenaires internationaux)