C’est une première mondiale, et elle est chinoise. Mercredi, le pétrolier Aframax baptisé BRANDS HATCH a été officiellement nommé dans un chantier naval de Shanghai. Ce géant des mers de 250 mètres de long et 44 mètres de large, capable de transporter plus de 800 000 barils de brut, est le premier de sa catégorie à être équipé d’un système de propulsion assistée par le vent. Trois voiles rigides intelligentes de plus de 40 mètres de haut, orientables automatiquement selon les conditions météo, permettent de réduire significativement la consommation de carburant.
Le plus grand pétrolier à voiles jamais construit
Selon le constructeur, le pétrolier pourra économiser jusqu’à 14,5 tonnes de fioul par jour, soit une réduction annuelle d’environ 5 000 tonnes de CO₂. À l’heure où l’Organisation maritime internationale (OMI) impose des objectifs stricts de décarbonation, la technologie déployée sur le BRANDS HATCH pourrait préfigurer une nouvelle génération de navires marchands hybrides, combinant moteurs conventionnels et propulsion éolienne.
Attendu pour une livraison officielle le 16 juin, le BRANDS HATCH opérera sur des routes commerciales européennes. Mais ce lancement dépasse le cadre technique. En intégrant des solutions écologiques à sa flotte, la Chine entend démontrer sa capacité à imposer ses standards dans l’industrie maritime mondiale, tout en poursuivant sa montée en gamme technologique.
Le retour de la voile dans la navigation commerciale n’est pas anodin. Déjà expérimentée sur des cargos ou vraquiers plus petits, elle franchit ici un cap industriel et logistique. Alors que les armateurs doivent composer avec la hausse des prix du carburant, les réglementations environnementales et les exigences de rentabilité, cette assistance éolienne devient un levier d’optimisation opérationnelle autant qu’un argument environnemental.
Voiles rigides intelligentes : comment ça marche ?
Contrairement aux voiles souples traditionnelles, les voiles rigides du BRANDS HATCH ressemblent à d’immenses ailes verticales en matériaux composites. Chacune mesure plus de 40 mètres de haut. Leur inclinaison et leur orientation sont contrôlées automatiquement grâce à une intelligence artificielle embarquée qui intègre données météo, vitesse, cap et charge du navire. Résultat : une réduction de la consommation sans modifier la cadence de transport, avec un minimum d’intervention humaine. Ce type de voile est compatible avec les infrastructures portuaires classiques, car il peut se replier en cas de besoin, notamment lors des manœuvres d’accostage.