Les semi-conducteurs sont devenus un enjeu stratégique majeur, au cœur des tensions économiques et géopolitiques. Alors que les États-Unis et la Chine investissent massivement dans leurs capacités de production, l’Union européenne peine à suivre.
Une réponse européenne inadaptée à la guerre des puces
Le Chips Act européen, doté de 43 milliards d’euros, reste flou dans ses objectifs et mal calibré dans ses priorités. Il privilégie les puces avancées (<10 nm), jugées plus rentables, au détriment des puces matures (28 nm et plus), pourtant essentielles à des secteurs clés comme l’automobile ou l’électronique grand public.
Cette stratégie désalignée expose l’Europe à une double dépendance. D’un côté, elle reste tributaire des États-Unis pour les technologies de pointe, les logiciels de conception et les brevets critiques. De l’autre, elle devient vulnérable à la montée en puissance asiatique sur les puces matures, un segment que l’UE a négligé. Résultat : en 2022-2023, l’industrie automobile allemande a dû ralentir sa production faute de composants, révélant l’ampleur de la fragilité européenne.
Une souveraineté industrielle en péril
Malgré la présence d’acteurs majeurs comme ASML ou STMicroelectronics, l’Europe ne dispose d’aucune fonderie capable de rivaliser avec les géants américains ou asiatiques. Les États membres agissent en ordre dispersé : l’Allemagne soutient Intel, la France mise sur STMicro, sans stratégie commune. Les ambitions de produire 20 % des semi-conducteurs mondiaux d’ici à 2030 semblent irréalistes, alors que la part actuelle de l’UE reste inférieure à 10 %.
Face à ces limites, la Commission européenne a récemment évoqué un « Chips Act 2.0 », censé corriger les lacunes du premier plan. Mais faute de financements supplémentaires et de coordination renforcée, cette initiative confirme surtout l’absence d’une stratégie industrielle à la hauteur des enjeux géopolitiques et technologiques.
Dépendance croissante
- Moins de 10 % de la production mondiale de semi-conducteurs est européenne.
- L’UE ne couvre pas la moitié de ses besoins en puces matures.
- 12 % du PIB européen dépend de l’industrie automobile, fortement exposée.
Objectifs contre réalité :
- Objectif 2030 : 20 % de la production mondiale.
- Aucune usine de pointe opérationnelle à ce jour.
- Chips Act : 43 milliards € mais sans recentrage stratégique clair.
- Chips Act 2.0 : annoncé sans vision ni moyens nouveaux.