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Sidérurgie

Ascometal, la valse des actionnaires

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Mise à jour le 12 juillet 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Industrie Sidérurgie

Voilà plusieurs mois qu’Ascometal se trouve dans la tourmente. Valsant de reprises en liquidations depuis 30 ans, c’est Swiss Steel qui jette cette fois l’éponge. Après avoir annoncé des négociations exclusives avec un aciériste italien l’année dernière pour la reprise de trois des cinq sites français d’Ascometal, le tribunal judiciaire de Strasbourg annonçait le 27 mars la mise en redressement judiciaire du groupe.

Demain, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg doit se prononcer sur l’avenir des différents sites.

À lire aussi : La décarbonation de l’industrie française en chemin

Produire des véhicules en France sans acier ?

Depuis les années 2000, la filiale historique d’Usinor (devenu ArcelorMittal) est balancée d’actionnaires en actionnaires. Concrètement, les salariés sont passés en deux décennies sous pavillon italien, russe, américain par le fonds de pension Apollo, belge puis suisse depuis 2017 et jusqu’à aujourd’hui. Rebelote, donc.

Le groupe sidérurgique français offre pourtant de belles perspectives, puisqu’il est spécialisé dans la fabrication d’aciers spéciaux, à destination de l’industrie automobile européenne. Fort de deux aciéries électriques qui peuvent compter sur ce qui reste de la puissance énergétique française, peu coûteuse et décarbonée, les salariés connaissent la valeur de leur production.

La situation d’Ascometal illustre bien ce que vit le secteur depuis les années 1990. Grappillé et découpé par divers actionnaires étrangers, qui accaparent bien souvent les savoir-faire, les brevets et les technologies. A fortiori, cela démontre l’impuissance des gouvernements français, toujours « au chevet » des secteurs stratégiques à la nation.

La crainte de la liquidation

C’est, semble-t-il, une nouvelle fois les déboires d’un actionnaire davantage porté sur la bourse que sur le développement industriel qui va sceller le sort de l’ancien fleuron français. Swiss Steel, déficitaire en 2023, indiquait s’être engagé dans un plan de restructuration et cherchait à se défaire de certains actifs. C’est en ce sens que l’entreprise avait engagé des négociations avec l’aciériste italien Venete.

Déjà candidat à la reprise il y a 10 ans, ce groupe italien présente l’avantage d’être essentiellement porté sur l’industrie, et, par ricochet, de porter une attention au développement de l’outil sur le long terme.

En janvier dernier, ce projet de reprise paraissait se concrétiser. Trois sites sur les cinq étaient sur la table, dont l’usine historique d’Hagondange, en Moselle. S’y ajoutait un centre de recherche-et-développement, lui aussi implanté dans la cité mosellane. En tout, ce sont plus de 700 salariés concernés, que Venete proposait de garder intégralement, tout en investissant à hauteur de 60 millions d’euros.

Mais patatras, les négociations ont subitement pris fin quelques mois plus tard, faute de trésorerie promise dans les caisses gérées par l’actionnaire suisse. De quoi énerver les travailleurs, baladés d’années en années, qui sont mobilisés depuis hier en bloquant le site d’Hagondange.

Sur les six offres de reprises qui ont été déposées, figure toujours celle de Venete. Néanmoins, les salariés et leurs syndicats sont dubitatifs quant à cette piste pourtant bien engagée il y a quelque temps. Pointant l’inertie de Swiss Steel, le manque de réponses qui sont apportées quant à la trésorerie restante et à l’investissement dans le désamiantage promis, c’est la crainte d’une liquidation qui plane, avec la suppression des quelque 700 emplois.

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