Une technologie unique
L’annonce de cette fermeture détonne. Des investissements conséquents ont été réalisés ces dernières années, faisant de cette usine la seule en France à fabriquer du carton plat 100 % recyclé. De plus, installée depuis 123 ans près de la ville d’Arques, elle fait partie du paysage pas-de-calaisien. Cette annonce vient malmener un tissu industriel déjà mis à mal par nombre de fermetures dans le Calaisis, à moins de 50 km.
Si l’entreprise invoque une baisse de production due au double événement dont le site fut victime (un incendie et des inondations), tout porte à croire que ce sont des logiques financières qui risquent de sceller le sort des ouvriers. Malgré une baisse des commandes à court terme, des perspectives de développement existent à long terme.
L’argument du risque d’inondation régulier sur le territoire laisse d’ailleurs traîner l’incertitude. D’abord, parce qu’elle freine les possibilités d’engagement dans une reprise du site ; ensuite, puisqu’il peut servir d’argument massue pour les autres entreprises de ce bassin d’emplois. Des investissements dans la construction d’infrastructures tels que des bassins de rétention pourraient pourtant être engagés en concertation avec les collectivités locales et l’État.
Le gouvernement leur doit
Si E. Macron s’enorgueillit d’un « retour de l’industrie sur notre sol », les PSE qui se succèdent indiquent l’inverse. Et pour cause, selon la CGT, nationalement, la « production manufacturière augmentait de 1,1 % en moyenne par an entre 1999 et 2017, elle recule désormais de 0,2 % par an ». Des chiffres qui ont des impacts tout à fait concrets, donc.
Dans un courrier adressé au ministre de l’Industrie, la sénatrice PCF du département, Cathy Apourceau-Poly, indiquait dès le 28 mars que « personne ne comprendrait que l’État n’intervienne pas avec la plus grande conviction, pour trouver un repreneur d’ici à l’été prochain ».
D’autant que dans la période la plus dure de la Covid-19, les salariés de RdM ont été considérés – à juste titre – comme essentiels. Cela leur a valu de recevoir un courrier signé de Bruno Le Maire leur indiquant que l’État compte sur eux et qu’il est « indispensable que la chaîne alimentaire perdure pour soutenir l’effort de la communauté nationale ». Poursuivant que les salariés pouvaient avoir la « reconnaissance du Gouvernement français ».
« Nous vous le devons » concluait le Ministre. Les salariés sauront lui rappeler.