Cette filiale, détenue à 67% par Thales et à 33% par Leonardo, un groupe italien, est spécialisée dans la fabrication de satellites. Un secteur sensible et d’intérêt national. Mais l’avenir s’obscurcit pour ses salariés qui craignent d’ores et déjà la suppression de savoir-faire et l’augmentation des cadences.
Une sous-charge de travail ?
Bien que de nombreuses activités et commandes soient pérennes pour les années à venir, la direction persiste. Il y aurait une « sous-charge » de travail dans le domaine des télécommunications. Une analyse entièrement démentie par les syndicats, preuve à l’appui. Les rapports émanant de cabinets d’expertise tombent aux mêmes conclusions : les raisons de ce plan et ses objectifs ne sont pas démontrés. Pire, ces réductions d’effectifs camouflées en « redéploiement » pourraient contrecarrer les projets en cours et à venir.
Pour les membres du Comité européen de Thales, la direction est pour l’instant incapable d’expliquer en quoi ces réductions d’effectifs permettront de répondre à des objectifs économiques ; ni même de démontrer, chiffre à l’appui, un quelconque sureffectif.
S’il est évident que le marché mondial a été largement bouleversé par l’arrivée des acteurs comme SpaceX d’Elon Musk, de leurs constellations, et de leur modèle basé sur la vente de services par exemple, les syndicats rejettent l’idée que cela soit une raison pour supprimer des postes. Pour la CGT, c’est même tout l’inverse !
De la même manière, la direction prend appui sur les retards technologiques accumulés vis-à-vis d’autres concurrents sur les constellations. Même réponse de la part des syndicats ; cela ne peut pas servir d’alibi à la suppression d’effectifs.
C’est toute une stratégie qui est remise en question. Tout porte à croire que TAS n’a ni vision de long terme, ni stratégie industrielle, ni planification des besoins en matière de formation, d’embauches et de recherches. C’est cette politique à la petite semaine qui agace les salariés de l’entreprise. L’idée qu’un quart des effectifs peut être sacrifié sur l’autel de la bourse leur est insupportable, même si la direction promet que les salariés français seront replacés ailleurs dans le Groupe ; ce qui semble assez questionnable pour les syndicats.
Les syndicats affirment les perspectives de l’entreprise
À contrepied des annonces à demi financières de la direction, les syndicats voient de belles perspectives dans ce marché des satellites et en particulier des télécommunications, mais dont l’opération en cours ne sera pas sans conséquences sur la capacité du groupe à livrer les autres types de satellites (observation).
Utiles tant à la météorologie qu’à l’observation de la terre ou aux besoins dans le secteur de la Défense, ces satellites sont aujourd’hui présents dans notre quotidien. En prime, des capacités industrielles essentielles pour la France sont concentrées sur les sites de Thales. La CGT devrait d’ailleurs présenter à la direction une solution alternative dans les prochains jours.
Dans une note interne que Liberté a pu lire, le constat que fait le syndicat est sans équivoque : « Cette situation est symptomatique du passage d’une société d’ingénieurs à une société de financiers. Des projets court-termistes, sur de l’argent public et à la recherche de la rentabilité. On a vu les mêmes dynamiques chez Boeing et chez Atos ».
« Quel avenir pour une entreprise qui supprime 25% de ses effectifs à l’heure d’un tournant décisif du secteur ? », la question est posée.