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Menaces sur Dunkerque et Fos-sur-Mer

Mittal veut-il la mort de la sidérurgie française ?

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Mise à jour le 30 août 2024
Temps de lecture : 4 minutes

Mots -clé

Industrie ArcelorMittal Social Emploi

Retour sur les menaces qui pèsent sur les sites sidérurgiques de Dunkerque et de Fos pour qui la CGT craint un Florange bis.

« Nous ne fabriquons pas des yaourts. Nous sommes sur des métiers précis qui exigent de la rigueur et de l’investissement ». Quelques jours après avoir alerté notre rédaction, le secrétaire CGT d’ArcelorMittal Dunkerque ne laisse pas retomber sa colère.

«  Depuis des années, s’agace Gaëtan Lecocq, la direction nous parle de projets mais les reporte sans cesse, comme elle reporte nos réunions. Les ministres défilent pour nous faire des promesses, mais on ne voit rien venir. Or, les investissements sont indispensables. »

On peut comprendre ce dépit. Début janvier, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est déplacé, presque en catimini, sur le site sidérurgique de Dunkerque pour signer un partenariat. Gaëtan Lecocq est parvenu à le rencontrer. « Il m’a dit, droit dans les yeux : ’’C’est bon, Monsieur, nous avons sauvé la sidérurgie française.’’ Il venait d’annoncer une subvention publique de 850 millions d’euros sur un projet de 1,8 à 1,9 milliard d’euros pour Dunkerque. »

HF4 : pas de perspectives au-delà de 2029

Mais depuis plusieurs mois, l’inquiétude des syndicalistes grandissait. « On sentait que tout était bloqué. En juin, la direction convoque un CSE pour nous annoncer que le programme de remise en état du haut-fourneau HF4 a changé.  » Au départ, cette très grosse opération de maintenance visait à maintenir l’outil jusqu’en 2050. Dans un second temps, il aurait été question de le maintenir jusqu’en 2040. Finalement, la direction dit qu’elle va faire en sorte qu’il tienne jusqu’en 2029. Ensuite, aucune perspective n’est évoquée. C’est pourquoi Gaëtan Lecocq parle de « rustines » (c’est son terme) pour maintenir un outil essentiel sur un terme très cours. « Après 2029, on ne sait pas si on garde le HF4, on ne sait même pas si on maintiendra le HF3. On ne sait rien. »

Voilà pour le moins qui tranche avec le discours lénifiant du ministre. Mais ce n’est pas tout. Conformément à la loi, les représentants du personnel devaient être convoqués en décembre 2023 ou en janvier dernier pour être informés des orientations stratégiques 2024 de la société. Cette réunion a été repoussée en juin puis… fin 2024. « C’est aberrant, s’indigne le secrétaire de la CGT. On va nous dire à la fin de l’année les orientations pour cette même année ! En fait, je crois que la direction ne sait pas où elle va. »

Arrêt d’un haut-fourneau et suppression de postes à Fos

Et lorsque le syndicaliste pose la question de l’utilisation de la subvention publique de 850 millions d’euros, alors qu’aucun projet n’est annoncé, il lui est répondu : « Si nous devons rembourser, nous rembourserons. »

Voilà autant d’indices qui ont de quoi sérieusement inquiéter les salariés dunkerquois. À Fos-sur-Mer, c’est le même scénario et les mêmes pratiques mais en plus avancé, explique Gaëtan Lecocq. En effet, la suppression de 10% des effectifs a été annoncée en juin, soit 250 emplois sur 2500. L’arrêt définitif de l’un des deux hauts-fourneaux a également été annoncé et d’autres (mauvaises) nouvelles sont attendues en septembre.

Pour la CGT, il ne fait pas de doute que Mittal ne prévoit pas d’avenir pour la sidérurgie française. L’absence de communication et la fuite de salariés vers d’autres horizons n’augurent décidément rien de bon.

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