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Redressement judiciaire

Le « serial repreneur » ACI Group bute sur le mur du cash

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Mise à jour le 10 octobre 2025
Temps de lecture : 3 minutes

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Industrie CGT Social

En six ans, ACI Group s’était fait un nom dans l’industrie en rachetant à la chaîne des PME en difficulté, du nucléaire à l’aéronautique en passant par la métallurgie. Jeudi 25 septembre, ce qui était présenté comme la « success-story lyonnaise » s’est brutalement enrayée : le tribunal de commerce de Lyon a placé la holding du groupe en redressement judiciaire.

Les ateliers tournent toujours, mais l’image de l’acheteur en série, qui revendiquait 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, vacille.

Hypercroissance à marche forcée

Créé en 2019 par Philippe Rivière et Patrice Rives, ACI a bâti sa réputation sur une stratégie simple et agressive. Reprendre, souvent devant les tribunaux, des entreprises industrielles menacées et les remettre au travail. Plus de quarante sites intégrés en six ans, 1 600 salariés dont 1 400 en France, et des positions dans des filières sensibles – défense, aéronautique, ferroviaire, nucléaire. Le groupe préparait même une entrée en Bourse cet automne.

Cette croissance tous azimuts avait un coût. ACI n’a jamais affiché de résultat positif et a doublé son déficit d’exploitation en 2024, à 5,6 millions d’euros pour 200 millions de chiffre d’affaires. Les principaux donneurs d’ordre de l’aéronautique et de la défense avaient commencé à surveiller de près la solidité de leur fournisseur.

La décision de justice révèle aussi un conflit interne. C’est Patrice Rives, directeur général et cofondateur, qui a saisi le tribunal, estimant la situation intenable. Philippe Rivière, président et actionnaire majoritaire, conteste la « cessation de paiements » et a annoncé un appel. Il affirme qu’un financement de 80 millions d’euros du fonds américano-singapourien Fortuna était sur le point d’être finalisé. « Il n’y a pas le feu », assure-t-il, tout en reconnaissant ne pas avoir « eu le temps de faire le closing » de la levée de fonds.

Les usines continuent, la confiance vacille

Officiellement, seule la holding financière est concernée. Les dizaines de sociétés opérationnelles poursuivent leur activité, sous la surveillance de l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux. Mais l’épisode fragilise la crédibilité du groupe, déjà critiqué pour une « gestion opaque » par un représentant CGT. Plusieurs opérations de croissance externe – Belink Solutions, NovAsco – avaient déjà été mises en pause en septembre, signe d’une trésorerie sous tension.

Six ans d’acquisitions éclair

  • 2019-2021 : premières reprises dans la métallurgie et la mécanique, extension en Bourgogne et Pays de la Loire.
  • 2022 : entrée dans la défense et le ferroviaire, rachats dans l’agroéquipement.
  • 2023-2024 : accélération avec SFOB (découpage de précision), Fralsen (horlogerie) et plusieurs sites de l’ex-Ascometal (NovAsco).
  • 2025 : projets avortés sur Belink Solutions (électronique) et sur de nouveaux sites ferroviaires, dans un contexte de tensions financières.

ACI revendique encore 150 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’exercice clos fin septembre, en recul. Reste à savoir si la mécanique pourra repartir sans la confiance des financeurs et des grands donneurs d’ordre.

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