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ARC

Le plus grand verrier de France dans l’inconnue

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Mise à jour le 6 juillet 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Industrie

Les revirements n’en finissent pas chez ARC. Le plus grand verrier français, basé dans le Pas-de-Calais, enchaîne les difficultés financières depuis près de 10 ans. Entre flambées des prix du gaz et baisses des commandes, les quelque 4 500 salariés oscillent entre chômage partiel et virages stratégiques.

Le spécialiste des arts de la table est placé sous la haute surveillance de l’État depuis 2015 par le biais du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), la petite cellule de hauts fonctionnaires chargés de suivre les entreprises en difficulté à Bercy. Et pour cause, ce site industriel est le huitième plus grand du pays.

Des montagnes russes difficiles à dévaler pour les salariés de l’usine, d’autant que plusieurs dirigeants targuaient les exploits du groupe l’année dernière dans la presse spécialisée, indiquant que « l’entreprise a fait sa meilleure performance de tous les temps en 2022 ». Un trompe-l’œil pour les syndicats, qui rappellent la baisse conséquente de la masse salariale en quelques années. De nombreux emplois ont disparu entre 2022 et aujourd’hui, dû largement au non-remplacement des départs en retraite.

Des virages stratégiques remis en cause

L’État met la main à la pâte à sa manière, en garantissant le paiement d’une partie des salaires dans le cadre d’un accord d’APLD (Activité partielle de longue durée) signé en février 2021. Exception faite, ce dispositif qui devait prendre fin a été prolongé de quelques mois le 7 mai dernier.

Mais cela ne suffit pas ; dans un secteur si particulier, les affaires ne peuvent pas être menées comme dans les autres. Le CSE de l’entreprise pointe le virage stratégique opéré en 2022, dans un courrier d’alerte que Liberté Actus s’est procuré. « Jusqu’à mi 2022, l’entreprise avait une stratégie de saturation de l’outil industriel, rappellent les syndicats. Peu importait le prix de vente dès qu’il couvrait les coûts marginaux. Dans cette logique ARC a accepté tous types de commandes et a pratiqué une politique d’embauche dynamique afin de disposer du personnel nécessaire au fonctionnement de l’outil industriel ».

C’était sans compter sur un nouveau plan de développement, nommé ARCADIA pour l’occasion, dans lequel il est précisé « que chaque produit doit contribuer à « payer son four ». Mécaniquement, l’entreprise s’est engagée dans une « réduction de la capacité de production […] qui s’est traduite par la fermeture du plus gros four, le D. Naturellement cette réduction des capacités de production se traduisait par un sureffectif, que l’entreprise entendait résorber par les départs naturels ».

S’y ajoutent des problématiques internes, liées à un management dégradé et à un outil industriel fragile, qui mérite une attention particulière et ne peut pas souffrir « d’économie de bout de chandelle ».

Recapitaliser c’est bien, développer c’est mieux

Ils s’adressent aujourd’hui aux élus, considérant que le sort du site ne peut être entre les uniques mains de l’actionnaire américain, au vu des fonds publics investis. Sur ce point, la Sénatrice communiste du Pas-de-Calais rappelle qu’elle propose, avec Fabien Roussel, l’entrée au capital de l’État. C’est auprès de lui que le groupe est le plus endetté, à hauteur de 180 millions d’euros. Une somme qui pourrait permettre son entrée au Conseil d’administration.

Si la Sénatrice rappelle que Bercy donnait une fin de non-recevoir sur le sujet il y a deux ans, elle réitère sa demande.

Cette démarche prend tout son sens, d’autant plus que l’actionnaire principal vient d’annoncer aux syndicats un projet d’entrée au capital d’un autre actionnaire. Deux propositions semblent être sur la table, l’une d’un industriel français, l’autre d’un groupe britannique.

Les salariés restent toutefois prudents, par crainte que ce projet serve d’alibi à un plan de licenciement dans les mois à venir ; 500 emplois pourraient être menacés à court terme.

Affaire à suivre.

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