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Phung Quang Minh/shutterstock
Comac

Le nouveau concurrent d’Airbus et de Boeing

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Mise à jour le 23 mai 2025
Temps de lecture : 3 minutes

Mots -clé

Chine Industrie États-Unis Union européenne

C’est à nouveau la Chine qui fait parler d’elle. Les journaux économiques s’affolent devant les progrès de Comac, l’avionneur chinois. Il faut dire que ce n’est pas anodin de voir un petit nouveau entrer dans la course à l’industrie aéronautique.

Jusqu’ici, seules trois entreprises étaient en capacité de produire de A à Z un avion : Boeing (États-Unis), Airbus (France, Allemagne, Espagne et Italie) et, dans une moindre mesure, la Russie, forte de son héritage soviétique.

Mais voilà que la Chine s’y met avec Comac, son constructeur national. Son modèle C919 est un concurrent direct du Boeing 737 et de l’Airbus A320. Ce sont des avions monocouloirs, utilisés pour les lignes les plus fréquentées au monde : liaisons intérieures en Chine, aux États-Unis ou en Europe, et vols intracontinentaux. C’est le segment central de l’aviation civile.

Puissance et prouesse industrielle

Le C919 de Comac s’impose sur ce créneau avec une capacité de 158 à 174 passagers et une autonomie de plus de 4 000 km, des caractéristiques très proches de celles du Boeing 737 MAX et de l’Airbus A320neo. Avec cette prouesse, la Chine entre non seulement dans la danse, mais elle est aussi en train de briser le duopole historique Airbus-Boeing sur un marché qui représente plus de 70 % des livraisons mondiales d’appareils commerciaux.

La mise au point du C919 est une véritable prouesse industrielle. Concevoir un avion de ligne certifiable à l’échelle internationale implique la maîtrise de centaines de technologies : aérodynamique, systèmes de vol, matériaux composites, motorisation, avionique, sécurité, gestion des flux de production… Il faut coordonner des dizaines de milliers de pièces, issues parfois de plusieurs centaines de fournisseurs.

Certes, le C919 repose encore en partie sur des composants étrangers (moteurs Leap-1C de CFM, avionique de Honeywell, etc.), mais la Chine a bâti un écosystème industriel capable d’assembler et de piloter un programme d’une telle ampleur. C’est aussi un défi d’intégration logistique, de certification et de montée en cadence. Produire en série un avion civil fiable, conforme aux normes, livrable aux compagnies aériennes, exige une maturité industrielle de très haut niveau. Comme pour l’industrie automobile, c’est le fruit de plus de vingt ans d’investissements dans l’aéronautique civile.

Laisser du temps au temps

Mais pour l’instant, il faut être en Chine pour voir voler ces appareils. Les compagnies nationales les achètent massivement. On compte près d’un millier de commandes, selon le cabinet britannique Cirium.

Le C919 n’a pour l’instant obtenu sa certification qu’en Chine, ce qui le limite à des lignes domestiques et à quelques pays partenaires. Il reste donc hors du radar des grandes compagnies internationales, faute de certification EASA (Europe) ou FAA (États-Unis).

Par ailleurs, la montée en cadence de production reste lente ; Comac ne peut encore produire qu’une poignée d’appareils par an, loin des centaines livrés chaque année par Boeing ou Airbus. Enfin, la réputation et la confiance — éléments cruciaux dans l’aviation commerciale — se construisent sur le temps long.

Le C919 devra donc prouver sa fiabilité et son efficacité en exploitation régulière avant de devenir un véritable rival global. Les autorités chinoises assurent qu’elles prendront tout le temps nécessaire. Si le pari est tenu, la Chine pourrait bien faire décoller un nouvel ordre industriel mondial — même dans les airs.

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