Entré dans le groupe sidérurgique en 2002, cet ingénieur des Ponts et Chaussées et diplômé de la London Business School a été responsable de la chaîne d’approvisionnement (Supply Chain) sur le site belge de Gand avant de prendre la responsabilité de la stratégie et du business development d’ArcelorMittal Steel Solutions and Services en janvier 2008. Trois ans plus tard, en 2011, Matthieu Jehl est nommé directeur général (CEO) d’ArcelorMittal Eisenhüttenstadt, en Allemagne, puis d’ArcelorMittal Gand en 2014 et du Cluster Gand-Liège en avril 2016. En décembre 2017, il a été nommé CEO du Cluster Italie, poste qu’il a occupé jusqu’à fin 2019. Après un détour par Cockerill, il devient directeur général d’ArcelorMittal France qui regroupe les activités du Nord et de l’Est de la France.
C’est donc un cadre très expérimenté, fort d’une longue carrière chez ArcelorMittal, qui remet sa démission, précisément au lendemain de l’annonce de la délocalisation en Inde d’une partie des activités support du groupe.
Recruté par le Finlandais Outokumpu Oyj
À Dunkerque, où les syndicalistes du site avaient l’habitude de le côtoyer, la nouvelle de sa démission ne fait qu’apporter de l’inquiétude supplémentaire aux salariés. « Il avait plutôt un profil d’industriel » commente Gaëtan Lecocq, responsable CGT à ArcelorMittal Dunkerque. Contrairement, faut-il comprendre, aux responsables qui sont assimilés à la défense des intérêts financiers du groupe.
Il faut cependant noter que si cette démission tombe juste après la réunion du Comité européen d’entreprise et ses annonces de transfert d’activités, il avait déjà été recruté par le groupe finlandais Outokumpu Oyj, premier producteur d’acier inoxydable en Europe et deuxième en Amérique. Il y occupera le poste de président du secteur d’activité Acier Europe, à Krefeld (Allemagne) et sera membre de l’équipe de direction d’Outokumpu à compter du 26 mai prochain.
La décision de Matthieu Jehl de quitter ArcelorMittal France n’est donc ni récente, ni fortuite. Si la direction explique ce départ pour « poursuivre une opportunité en dehors du groupe », on peut raisonnablement penser que l’actualité de ces derniers mois et les sombres perspectives du groupe en France ont pesé dans sa décision. Le 20 avril 2024, dans l’émission « On n’arrête pas l’éco » de France-Inter, il parlait avec passion et confiance du grand projet de décarbonation du site dunkerquois. Un projet essentiel pour l’avenir du site, mais qui est retardé, voire abandonné. À ce jour, on ne connaît pas le nom du successeur de Matthieu Jehl.