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Ken Felepchuk/shutterstock
Durisotti

Fabriquera-t-on encore les voitures de police en France ?

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Mise à jour le 1er novembre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Industrie Automobile

Durisotti est une entreprise historique du secteur de la carrosserie. Basée à Sallaumines, dans le Pas-de-Calais, l’usine aménage des véhicules pour de nombreux clients, dont le ministère de l’Intérieur ou les SDIS. Transformer une Renault Mégane en voiture de police ou un Renault Kangoo en camionnette de pompier, c’est leur mission.

Un marché sensible par de nombreux aspects, puisqu’il ne s’agit pas uniquement de repeindre la carrosserie en bleu ou en rouge, mais bien d’aménager les cabines et d’y ajouter nombre d’éléments nécessaires aux futures utilisations des véhicules.

Quand la famille Gupta laisse des traces

Un marché sensible qui n’est en rien préservé des appétits financiers. Avec des carnets de commandes assurés – au vu de l’activité du site – et de la présence d’ouvriers expérimentés au savoir-faire reconnu, Durisotti est en proie aux convoitises.

Après moult plans sociaux et autres restructurations, le tribunal de commerce d’Arras entérinait, en 2019, la reprise de l’entreprise familiale par le groupe GFG Alliance. Si cette entité reste peu connue du grand public, elle emploie plus de 35 000 salariés dans 300 sites au travers d’une trentaine de pays. Propriété de la famille britannique Gupta, le conglomérat d’entreprises est englué dans nombre de scandales industriels et financiers, notamment outre-Manche.

Dès 2018, la « Gupta family » rachète des usines françaises par le biais de sa filiale dédiée à l’acier, Liberty Steel. En trois ans, le groupe britannique met la main sur Ascoval (Nord), sur France Rail (Moselle) qui fournit les rails de la SNCF, sur Aluminium Dunkerque (Nord), ou encore sur Aluminium Wheels (Indre). Au total, une dizaine de sites passe sous leur pavillon en quelques années, dont Durisotti.

Les pratiques du groupe inquiètent très vite au plus haut niveau : spécialistes de l’affacturage inversé, investissements promis non réalisés, litige avec le Crédit Suisse… Les salariés des différents groupes alertent, mais ne sont pas entendus par les pouvoirs publics.

L’affacturage inversé ?

Il permet à une entreprise de faire payer les factures de ses fournisseurs par un tiers, généralement une banque. Les fournisseurs reçoivent l’argent dès l’édition de la facture, et l’entreprise rembourse la banque plus tard, avec des intérêts.

Après la chute de l’un de ses principaux financiers, Greensill, qui était central dans cette pratique d’affacturage, Liberty se voit contraint de chercher des repreneurs pour ses différents sites.

Et rebelote à Durisotti ?

En juillet dernier, le groupe français GTE A reprend le site de Durisotti. Après l’épisode Gupta, les salariés regagnent en confiance pour la pérennité de leur site ; un espoir de courte durée.

Rapidement, de nouvelles ardoises sont découvertes par les repreneurs. Les travailleurs s’aperçoivent avec stupéfaction que le modèle financier ne peut pas tenir si les apports en capitaux ne sont pas revus à la hausse. Pourtant, les carnets de commandes restent remplis, des véhicules attendent d’être transformés, mais rien n’y fait… la production est arrêtée partiellement.

Une situation de blocage qui perdure depuis le mois d’août 2024, faisant grandir la crainte des salariés. «  Désormais, la survie de notre entreprise est menacée » écrivaient-ils dans un tract distribué ce lundi 21 octobre dans les ateliers. Car s’il s’agit de la survie du site, il est aussi question du respect des travailleurs, à en croire le tract qui évoque des conditions de travail « déplorables » et des menaces sur les « quelques petits avantages gagnés durement comme le treizième mois ».

Si la situation n’est pas débloquée, l’ensemble des syndicats promet de lancer des actions rapidement. Cette mobilisation sera suivie dans nos colonnes.

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