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Industrie chimique

Après Vencorex, Arkema en grève générale

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Mise à jour le 31 janvier 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Industrie CGT Social Arkema

Depuis lundi 13 janvier, les salariés d’Arkema Jarrie (Isère) ont entamé une grève générale. L’effet domino tant redouté par la mise en redressement judiciaire de Vencorex semble se confirmer.

Durant leurs 63 jours de grève, les salariés de l’usine Vencorex avaient prévenu : l’arrêt de leurs activités entraînerait des conséquences économiques désastreuses pour toute la filière chimique de la région, et au-delà.

« C’est toute la plateforme chimique qui est en danger »

Les syndicats, CGT en tête, avaient annoncé la couleur. Environ 6000 emplois sont menacés, tant la filière est interconnectée. Arkema en est un exemple. Contacté par Liberté Actus, Alexandre Fiat, secrétaire du syndicat CGT Arkema de Jarrie, explique le fonctionnement de cet « écosystème de la chimie iséroise ».  

En amont de l’activité, se trouve la mine de sel de Hauterives (Drôme) qui est exploitée par Chloralp, « une entité 100 % Vencorex », précise le dirigeant syndical. Le sel est purifié sur la plateforme de Pont-de-Claix, puis une partie de la production est revendue à Arkema Jarrie. « Ce sel français, de pureté inégalée, sert à la production de chlore et de perchlorate de sodium, source unique d’approvisionnement d’ArianeGroup pour la fabrication du propergol chargé dans les boosters d’Ariane 6 et dans les missiles stratégiques M51 », précise encore Alexandre Fiat. Et d’ajouter que « le chlore sert aussi à la fabrication d’éponge de zirconium par Framatome, utilisées dans les réacteurs nucléaires civils ».

À première vue, la mise à l’arrêt de Vencorex n’impacte pas la mine de sel puisque Chloralp n’est pas concernée par le redressement judiciaire. Mais le site de Pont-de-Claix était son unique débouché ; sans lui, impossible d’espérer tenir dans le temps. C’est dans cette logique que la CGT porte la nationalisation en solution. « S’il n’y a pas de reprise d’activité sur la mine de sel d’ici à la fin 2025, c’est toute la plateforme chimique qui est en danger », souligne Alexandre Fiat.

« Un prétexte pour fermer les ateliers »

Dès la mise à l’arrêt de son fournisseur en sel naturel, le groupe Arkema avait annoncé la fermeture de ses productions au Sud de sa plateforme. Et c’est là que le bât blesse. La CGT martèle que « les unités concernées par une fermeture définitive ne sont pas consommatrices de sel et n’ont aucun lien avec la problématique sel et Vencorex ». En d’autres termes, le leader de la chimie française profiterait de la situation pour « finaliser sa vieille stratégie de fermetures d’ateliers » qui, d’après le secrétaire du syndicat, « rapportent de l’argent et fabriquent des produits stratégiques ».

Réunis le 11 janvier dernier en assemblée, les salariés ont voté une grève générale. Sur les 340 travailleurs du site, ils sont près de 160 à être menacés par un PSE qui devrait être lancé le 29 janvier 2025.

Si les activités chimiques sont particulièrement interconnectées les unes aux autres, en « aucun cas le plan de restructuration de la direction ne se justifie par les difficultés d’approvisionnement en sel », répète le dirigeant syndical. 

Dans une lettre adressée à la Direction régionale de l’économie que Liberté Actus a pu consulter, l’intersyndicale précise : « Nous avons été contraints d’arrêter nos fabrications sud depuis septembre 2024, malgré un carnet de commandes plein et la possibilité de faire fonctionner nos unités. C’est clairement un choix de notre direction de nous avoir laissé à l’arrêt. Ce qui amènera forcément à des très mauvais résultats économiques qui seront sûrement utilisés pour justifier une perte de compétitivité. »

« S’ils ferment le côté Sud, ça met de fait en péril le côté Nord », conclut Alexandre Fiat. « La direction avancera que les coûts fixes deviennent trop élevés et, au bout, c’est l’ensemble du site de Jarrie qui sera menacé. »

Les réunions au siège central (Colombes) et à Jarrie se poursuivent toute la semaine, comme la grève qui, après 15 jours, sera reconduite ou non lors d’une assemblée générale qui aura lieu vendredi 24 janvier.

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