Cette obsession n’est pas nouvelle. Dès 2016, lors de son premier mandat, Trump attaquait déjà Apple pour sa production asiatique et l’accusait de creuser le déficit commercial du pays. Depuis, malgré les sanctions et les hausses de droits de douane imposées à Pékin, Apple est resté profondément lié à l’Empire du Milieu. Et ce n’est pas simplement une question de « bas salaires » – bien au contraire.
Un géant américain… made in China
Apple est l’une des entreprises les plus valorisées au monde, et son influence dépasse largement les frontières américaines. Pourtant, en 2023, 90 % de ses produits étaient toujours fabriqués ou assemblés en Chine.
En 2024, Apple réalisait un chiffre d’affaires de 66 milliards de dollars en Chine (Taïwan compris), ce qui en fait un marché aussi vital que risqué. Les tensions commerciales sino-américaines frappent directement le cœur de son modèle économique.
Face aux menaces douanières de Trump – comme les 34 % de taxes supplémentaires annoncés sur les importations chinoises – Apple a tenté de réagir : promesse d’investir 500 milliards de dollars aux États-Unis, relocalisation partielle en Inde et au Vietnam… Mais rien n’y fait : l’essentiel de la chaîne de valeur reste en Chine.
Mais cette stratégie ne convainc pas Trump, ni les partisans d’un retour au « made in USA ». Car même si l’Inde progresse dans le montage de certains modèles d’iPhone, elle ne peut pas remplacer la Chine pour la fabrication des composants de pointe, la logistique industrielle, ni l’agilité de production à grande échelle.
Les États-Unis n’ont plus les moyens de produire Apple
Apple se retrouve donc piégée entre deux mondes. Si l’entreprise souhaitait rapatrier massivement sa production aux États-Unis, elle ne le pourrait pas. Dans les industries de pointe et de haute technologie, en particulier pour les productions à l’échelle industrielle, les États-Unis font face à une importante pénurie de main d’œuvre.
La Chine, au contraire, a construit en 30 ans un écosystème redoutable. Des centaines de sous-traitants, une logistique intégrée, des dizaines d’usines ultramodernes, et surtout un vivier immense de techniciens et d’ingénieurs industriels.
« Bien que tous ne soient pas des scientifiques de haut niveau, ils sont largement capables de soutenir les secteurs manufacturiers de pointe » écrit Shing-Tung Yau, célèbre mathématicien chinois qui a obtenu la médaille Fields. Une situation résumée par Tim Cook, Directeur général d’Apple, qui disait il y a quelques jours que « la compétence technique et la disponibilité de main d’œuvre en Chine surpassent de loin ce qui est disponible ailleurs ».
En clair : l’Amérique a peut-être des ambitions, mais la Chine a les usines. Et Trump a beau crier au sabotage, ce n’est pas la guerre commerciale qui changera les lois de l’industrie mondiale.