France | USA | Italie | Allemagne | Japon |
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47 % | 23 % | 27 % | 41 % | 14 % |
Part des investisseurs étrangers détenant la dette d’un pays (fin 2022)
Une commission d’enquête avortée
L’Allemagne a un taux de détention de la dette par des étrangers qui se rapproche de celui de la France, mais sa dette est beaucoup plus faible. À l’inverse, tous les pays qui ont une dette élevée, ont une dette très majoritairement détenue par des investisseurs nationaux. En 2023, la part de la dette française détenue par des étrangers a dépassé le seuil des 50 %.
Comme cela a été confirmé lors des auditions de la Commission d’Enquête parlementaire sur l’augmentation de la dette de la France depuis 2017 (dont les travaux ont été malencontreusement interrompus par la dissolution), il est impossible de savoir précisément qui détient la dette de la France. Certains commentateurs estiment toutefois par exemple que le fonds américain BlackRock, dont le PDG Larry Fink est proche d’Emmanuel Macron, détiendrait désormais plus de 5 % de la dette de la France.
Combien coûte la dette de la France ?
C’est l’un des enjeux clé. La France, 7ᵉ économie mondiale, est un pays solvable et qui ne risque pas la faillite. La dette élevée permet d’exercer un chantage politique, imposer des choix politiques favorables au capital. Elle permet également d’obtenir une rémunération confortable, au détriment des contribuables et surtout des services publics et sociaux qui bénéficient encore aux travailleurs français.
L’augmentation des taux de la dette de la France constituerait un coût faramineux pour les travailleurs, et une source de revenus garantis et confortables pour les investisseurs. Comme l’a souligné Marx, « tout ce qu’un créancier de l’État possède, c’est un titre de créance (de 100 £, par ex.), qui lui donne le droit de prélever annuellement une part de 5 % (de 5 £) sur le revenu (le produit des contributions) de l’État ».
La dette d’État est un droit de prélever une part de l’impôt. Nous y reviendrons dans un article ultérieur. Retenons que l’augmentation des taux, sur une dette roulante importante comme celle de la France, donnerait un levier important pour capter une part juteuse du revenu national à des investisseurs peu scrupuleux, et politiquement puissants.
Pour cela, une « crise de la dette » serait évidemment bienvenue et nous allons, dans le prochain article, revenir sur la crise grecque, qui fut le laboratoire européen de cette stratégie.