Le « grisbi », c’est l’enveloppe de 3,247 millions d’euros votée le 12 octobre 2023 en commission permanente du Conseil régional. Au terme d’une longue bataille des syndicats et des élus « Gauche républicaine et écologique » (GRE) et « Pour le climat pour l’emploi » (PCPE), la Région semblait avoir entendu. Les 3,2 M€ correspondent à un avenant à la convention TER entre la collectivité et la SNCF. Il s’agissait de corriger ce qui avait été fait en 2021, à savoir la suppression de 17 emplois dans les guichets de huit gares : Douai, Valenciennes, Béthune, Lens, Calais Ville, Calais-Fréthun, Dunkerque et Boulogne.
Mono-guichet
Ces 3 millions étaient fléchés pour que les guichets de ces gares du réseau TER puissent, à compter du 7 octobre, rouvrir de 6h00 à 20h00 pour une qualité de service à la hauteur des usagers. Sauf que, sur les 17 postes supprimés en 2021, seuls 3 seront rétablis. Cela veut dire qu’il sera impossible de répondre aux attentes du service et que, pour palier le déficit de personnel, la SNCF aura recours à du « mono-guichet ».
Syndicats et élus de la gauche et écologistes s’indignent en assurant que le fléchage de l’enveloppe régionale comprenait bien l’embauche de 17 agents. Dans une lettre au président de Région, Xavier Bertrand, les élus d’opposition demandent clairement des comptes. Lors de la séance plénière de ce 3 octobre, ils déposeront une motion commune et poseront à nouveau la question : où est passé l’argent et qu’en a fait la SNCF ? Jusqu’à présent, leurs demandes sont demeurées lettre morte. De leur côté, les représentant syndicaux ont été reçus, le 24 septembre, non pas par la direction SNCF elle-même mais par leurs représentants. Au-delà de ce qu’ils considèrent comme du mépris, ils n’ont, eux non plus, reçu aucune réponse.
Préavis de grève le 7 octobre
Si, à l’issue de la plénière du 3 octobre, l’exécutif régional botte en touche, les élus annoncent qu’ils s’adresseront au préfet de Région. La CGT et Sud Rail déposeront un préavis de grève le 7 octobre. Ce samedi 28 septembre, des agents SNCF ont manifesté dans les huit gares concernées.
Communistes, socialistes et écologistes s’entendent pour dire que c’est la « politique d’ouverture à la concurrence qui conduit la SNCF à réduire l’amplitude horaire de ces gares, à pousser ses agents à une polyvalence excessive et à réduire sa masse salariale afin d’être la plus ’’compétitive’’ possible. »
En attendant, dénoncent élus et syndicats, tout le monde y perd : les agents (avec des risques psycho-sociaux) et les usagers. Ces derniers ne se rendent pas au guichet que pour acheter un billet. Ils ont souvent besoin de renseignements ou réclament des conseils pour organiser leurs voyages. Les guichets automatiques ne conviennent pas à tous.
Un autre danger, apparu cet été, porte sur les réservations qui pourraient devenir obligatoires pour les TER. Cela a déjà été expérimenté en Normandie et dans le Grand Est. « Certes, conviennent les syndicats, 25% des places demeureraient accessibles directement. Mais le TER est un train du quotidien dont l’accès doit rester libre ». Surtout lorsque des territoires sont enclavés, que des usagers ne possèdent pas de voiture et que le train est présenté comme une alternative favorable à l’environnement.
« Le service public doit compter avec deux adversaires, résume Xavier Wattebled (CGT) : l’exécutif régional et la SNCF »