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Nicolas Dufourcq par ΝΕΑ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΑ - CC BY-NC 2.0
Les faits sont têtus

Nicolas Dufourcq, DG de Bpifrance, le soldat de la « startup nation » au secours du patronat

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Mise à jour le 3 octobre 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Finance

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, la banque publique d’investissement depuis sa création en 2013 restait largement méconnu du grand public. Ces derniers jours, il est devenu l’une des figures les plus visibles de la croisade patronale contre la taxation du patrimoine des plus riches. Citations choisies : « la taxe Zucman, c’est délirant, c’est communiste » ; « la dette devrait financer la défense plutôt que les loisirs des faux vieux retraités ».

En amont du BIG, ce salon annuel dédié aux entrepreneurs et organisé par Bpifrance depuis 11 ans, caricature du brassage de vent tant apprécié par la macronie, Dufourcq a prononcé un discours d’ouverture en forme d’ode à la « vérité », thématique de l’édition 2025 du salon. Il y dénonce la création d’un réel parallèle par « les forces politiques » et appelle les entrepreneurs à porter l’étendard de la vérité.

L’ode à la vérité de M. Dufourcq : la paille et la poutre

Au BIG, on promet la souveraineté technologique européenne, on parle compétition face à la Chine, la Russie et les États-Unis. Et surtout, un appel — presque mystique — au « retour de la vérité ». La vérité, sans doute, du succès incontestable des politiques libérales que M. Dufourcq, énarque et également président du CA de STMicroelectronics, a servi avec zèle, au gré de ses navigations entre les sphères publique et privée.

Mais les faits sont têtus. Dans le monde du vrai réel, les objectifs assignés à Bpifrance lors de sa création par le gouvernement de M. Ayrault restent largement inachevés : l’emploi industriel continue de reculer, la souveraineté numérique et technologique n’est qu’une vaine incantation, et la promesse d’une France réindustrialisée demeure un mirage. L’État et ses satellites continuent d’organiser la dépendance de la France aux solutions numériques états-uniennes, d’accompagner l’exil des chaînes de valeur et de ne pas utiliser le levier de la commande publique pour soutenir la production industrielle et technologique nationale. Les inégalités économiques territoriales se creusent et le déficit commercial de la France ne cesse de côtoyer les abysses.

L’exemple de Bpifrance, ou comment le macronisme a accaparé l’État et ses opérateurs

Face à cette réalité, une question s’impose : que signifie que le dirigeant d’une banque publique d’investissement censée soutenir la politique économique et industrielle de la nation devienne le porte-parole du patronat en s’immisçant si grossièrement dans le débat démocratique, au moment même où des choix budgétaires cruciaux pour l’avenir de la France devront être faits ? Cela illustre une évidence : le macronisme, c’est aussi l’accaparement de l’appareil d’État au profit du grand capital.

Que Bernard Arnault prenne la parole n’étonne personne. Mais que le directeur général de la Banque publique d’investissement insulte le débat démocratique sur les inégalités sociales est le symptôme d’une sclérose inquiétante. Face à l’échec patent des promesses de la startup nation et de la politique de l’offre dans le réel, les masques tombent et les postures se raidissent.

Bpifrance est loin d’être l’unique responsable des échecs de la politique économique et industrielle des libéraux. Il n’en demeure pas moins que, alors qu’elle pourrait être un instrument utile au service de la nation, au soutien des industriels et des PME françaises, elle est hélas restée cantonnée à un outil au service de l’idéologie libérale d’État, et les sorties médiatiques de son dirigeant en sont aujourd’hui la triste illustration.

Bpifrance, une banque publique d’investissement créée en 2013

Selon le rapport parlementaire sur la transparence des aides aux entreprises, sur les 211 milliards d’euros versés en 2023, 41 milliards ont été des interventions financières de Bpifrance, via des subventions directes sur fonds européens ou nationaux, prêts ou garanties. Rappelons que l’établissement est un EPIC, détenu à 50 % par l’État et à 50 % par la CDC, chargé de faciliter le financement des TPE, PME et ETI, de soutenir l’innovation, d’assurer la souveraineté industrielle et économique de la France, de faciliter l’accès à l’export et de réduire les inégalités économiques territoriales.

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