Si le pays conserve officiellement son statut de premier destinataire européen des investissements directs étrangers (IDE), cette performance masque mal une réalité plus morose : une attractivité en déclin, minée par des incertitudes et des résultats décevants en matière de création d’emplois.
Les investisseurs américains ont, par exemple, réduit leurs projets de 17 % par rapport à 2023.
Un contexte mondial défavorable, mais pas seulement
Certes, l’année 2024 a été marquée par un contexte mondial instable, avec des tensions géopolitiques et des ruptures sur certaines chaînes d’approvisionnement. Cela a pesé sur les décisions des investisseurs. Mais c’est toute une politique qui est remise en cause. D’annonces ponctuelles en annonces ponctuelles, les gouvernements s’en vont chercher des investissements étrangers pour « reconstruire » des filières abandonnées de longue date ; sans stratégie nationale.
L’un des points les plus préoccupants de ce bilan reste la chute vertigineuse du nombre d’emplois créés ou maintenus grâce aux investissements étrangers. Avec seulement 37 787 emplois concernés en 2024, soit une baisse de 36 % par rapport à l’année précédente, la France affiche des résultats bien en deçà de ceux de ses voisins européens. En moyenne, un projet d’investissement en France génère 35 emplois, contre 61 au Royaume-Uni.
Les secteurs traditionnellement porteurs, comme l’industrie et l’intérim, ont été largement touchés par cette baisse. Même si certains secteurs, comme l’ingénierie et la R&D, ont enregistré une hausse des investissements, ceux-ci restent insuffisants pour compenser les pertes ailleurs.
Les investissements dans les technologies de pointe, bien que prometteurs, ne compensent pas les pertes dans les secteurs traditionnels. On peut citer l’industrie des batteries qui, pour l’heure, ne répond pas du tout aux ambitions en matière de création d’emplois.
De son côté, le plan « France 2030 » n’a pas suffi à inverser la tendance. Loin s’en faut. Si certains projets liés à la décarbonation ont vu le jour, ils restent marginaux par rapport aux besoins du pays. Une nouvelle preuve, s’il en fallait, de l’échec de la politique de « reconquête industrielle » des dernières années, sans stratégie nationale et entièrement axée sur l’accueil potentiel d’investisseurs privés et étrangers.