Le mois de juin n’a pas apporté de répit au secteur manufacturier français. Selon l’indice PMI publié par S&P Global et HCOB, l’activité continue de se contracter : 48,1, en légère hausse par rapport à l’estimation flash (47,8), mais bien en deçà du seuil de 50 qui sépare croissance et recul. La production décline, les nouvelles commandes s’effondrent, et les industriels sont contraints de baisser leurs prix pour écouler leur production dans un environnement toujours plus concurrentiel.
Le PMI, c’est quoi ?
Le PMI manufacturier mesure chaque mois l’activité industrielle à partir d’enquêtes auprès d’entreprises. De nombreux critères sont pris en compte, des volumes de commandes à l’emploi en passant par les délais de livraison ou le niveau de production.
Au-dessus de 50, le secteur est en croissance. En dessous de 50, il est en recul. Un bon indicateur pour savoir si l’industrie avance… ou cale.
Pas d’élan productif, pas de reprise
La mécanique est bien connue : quand la demande stagne, que les stocks gonflent, et que les prix baissent malgré des coûts en hausse, c’est que l’économie réelle ralentit. On parle beaucoup d’investissements et de relocalisations, mais les chaînes de production tournent au ralenti. La production industrielle française subit en juin sa plus forte contraction depuis février, les carnets de commandes fondent, notamment à l’international, et les pressions sur les marges s’intensifient.
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Les entreprises réduisent la voilure, ajustent leurs achats, compriment leurs effectifs. Et si les baisses de taux promises par la Banque centrale européenne et les investissements dans la défense sont censés relancer la machine, le fait est que pour l’instant, l’industrie française semble surtout attendre un sursaut qui ne vient pas.
Concurrence mondiale, passivité locale
À cela s’ajoutent des facteurs géopolitiques et logistiques : guerre en mer Rouge, sécheresse au canal de Panama, incertitudes commerciales généralisées. Mais l’essentiel est ailleurs. Alors que l’Italie, l’Inde ou le Vietnam affichent des PMI manufacturiers en progression, la France, à l’instar de l’Allemagne ou des Pays-Bas, reste à la traîne. Pourquoi ? Parce que la désindustrialisation massive de ces vingt dernières années a laissé des traces profondes : dépendance aux importations, fragilité des filières, perte de savoir-faire, pression permanente sur les coûts…
La concurrence internationale n’a rien de nouveau. Ce qui l’est, en revanche, c’est la résignation. Au lieu d’un plan cohérent de reconquête industrielle, on enchaîne les annonces conjoncturelles, les appels à l’innovation et les incantations à la compétitivité.
Un test pour France 2030
Ce nouveau recul est un test pour les promesses de « réarmement industriel ». Si les grands plans ne produisent pas d’effets mesurables dans les ateliers, alors ce ne sont que des habillages budgétaires. Réindustrialiser, ce n’est pas seulement relancer quelques usines de batteries ou signer quelques contrats de défense. C’est recréer des filières, relocaliser des productions, maîtriser les chaînes d’approvisionnement, former, embaucher, produire.
Le PMI de juin sonne comme un rappel : sans production, il n’y a pas de souveraineté. Et sans rupture avec le modèle économique qui a organisé la désindustrialisation, il n’y aura pas de retour de l’industrie.