En 2023, l’Allemagne représentait encore 13,1 % du total des échanges internationaux de la France, soit près de deux fois plus que les États-Unis ou l’Italie, par exemple.
Les exportations chutent de 7 % en 2024
L’Allemagne est à la fois le premier client et le premier fournisseur de la France, ce qui ne laisse aucun doute quant aux répercussions qu’auront les déboires économiques de Berlin sur son voisin. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont de toute sorte ; des produits informatiques aux produits de boulangerie en passant par le textile et le vin.
Mais les choses vont mal des deux côtés du Rhin. Les exportations françaises vers l’Allemagne ont diminué de 7 % sur les 10 premiers mois de 2024, avec une chute drastique des ventes de voitures (-34 %) et des exportations d’acier (-11 %). Une spirale inquiétante qui se met à l’œuvre, tant les deux pays sont interdépendants, notamment dans la production industrielle.
Au-delà de la présence d’entreprises allemandes sur le territoire français (325 000 salariés concernés), c’est l’effet domino qui est redouté. L’Allemagne est, par exemple, le premier fournisseur mondial de machines et d’équipements ; entendons par là l’ensemble des machines-outils qui irriguent les activités manufacturières (presse, usinage et fabrication de pièces, assemblage des matériaux, etc.). Mais Berlin est aussi un leader dans la fabrication de machines agricoles comme les tracteurs ou les moissonneuses-batteuses ; sans même parler des machines pour la construction tels que les bulldozers ou les grues.
Une augmentation significative des coûts de ces machines entraînerait des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la production française.
Pas de retour à la normale prévu
Le problème n’est pas posé de manière égale puisque la France, pour sa part, n’est pas le premier partenaire commercial de l’Allemagne. Elle reste devancée par la Chine, les États-Unis, ou encore les Pays-Bas, bien qu’une recomposition des partenariats commerciaux allemands soit en cours avec la montée en puissance de la Pologne.
De quoi inquiéter tant la surenchère dans la guerre commerciale prend de l’ampleur. Au fil des annonces de la Maison Blanche, l’Allemagne voit de nombreux groupes tourner le regard vers les États-Unis. BASF, leader mondial dans la chimie, a déjà réorienté une partie de ses activités outre-Atlantique pour éviter les barrières douanières et pour profiter d’une énergie au coût bien plus faible. Certaines estimations vont jusqu’à chiffrer à 20 % de la production pétrochimique allemande délocalisée ou repliée vers les États-Unis dans les dernières années.