NVIDIA est devenu synonyme de superlatif : croissance extraordinaire, potentialités infinies, perspectives de développement exponentiel… C’est que l’entreprise spécialisée dans les cartes graphiques pour jeux vidéo est idéalement située sur la voie de l’intelligence artificielle. En effet, les GPU, c’est-à-dire les composants des cartes graphiques des ordinateurs, sont beaucoup plus puissants que les CPU, les cerveaux des ordinateurs.
Ces derniers permettent à l’informatique d’effectuer les calculs de base, les premiers permettent à des applications complexes comme les jeux vidéo de tourner. Or l’IA a besoin d’énormément de puissance.
Tout le monde parie sur l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse des entreprises, des États (la France et l’Europe cherchent des champions à subventionner pour concurrencer les Américains) ou les marchés financiers. C’est la raison pour laquelle la valeur boursière des géants du numérique explose, en particulier pour NVIDIA : c’est un pari à grande échelle où chacun s’appuie sur la confiance des autres pour déterminer son action. L’IA est l’avenir ? Alors, il faut acheter des actions ou subventionner des champions nationaux. Cela fait donc monter le cours de l’action.
Jusqu’ici tout va bien
La valeur boursière de l’entreprise crève les plafonds, dépassant le PIB de la France, mais cette valeur n’est rien d’autre que la multiplication du prix d’une action par le nombre d’actions. Autrement dit, elle ne représente pas la valeur réelle, mais uniquement la croyance que l’entreprise va continuer à se développer. Jusqu’au moment où cette croyance disparaîtra. Alors les actionnaires vendront, le prix de l’action baissera et une course s’engagera pour vendre le plus vite possible, accélérant d’autant la chute de la valeur du titre et donc la valeur supposée de l’entreprise et donc la valeur du titre et ainsi de suite… C’est le principe de la bulle spéculative : elle éclate.
Les marchés financiers ne sont pas autre chose qu’une salle de paris : certains misent sur la hausse, ils achètent, d’autres sur la baisse, ils vendent. Et puis il y a les filous : les vendeurs à découvert. Ceux-là prennent les plus gros risques en misant sur la baisse : ils vendent au prix d’aujourd’hui des actions qu’ils livreront plus tard (et qu’ils achèteront au dernier moment, espérant que le prix sera plus faible). Or ces parieurs sont scrutés par les autres acteurs : quand ils entreront dans la danse, cela voudra dire que l’action va baisser, et ce faisant, elle baissera puisque tout le monde sera convaincu qu’elle baissera.
L’engouement pour l’IA
Laisser l’économie se faire piloter par les financiers est une chose dangereuse : il ne s’agit pas de la réalité matérielle, mais de paris… Sauf que les conséquences matérielles existent pour l’ensemble des occidentaux puisque les banques et la finance sont interconnectées : la chute de celui qui est devenu un mastodonte en un an aura des conséquences sur l’ensemble des places boursières, et donc sur l’épargne, les fonds de pensions, donc les retraites par capitalisation, etc.
Toute la question est alors de savoir si l’IA sera la révolution de demain. Il est impossible de le dire aujourd’hui malgré son omniprésence dans les têtes. Quelles seront les limites physiques à la croissance de l’IA ? Les matériaux ? Les chaînes d’approvisionnement ?
Taïwan et la Chine concentrent une grande partie des sites de production de puces. Existe-t-il un plafond au-delà duquel on ne pourra plus développer l’intelligence artificielle, et plus encore, n’a-t-on pas déjà franchi les limites de l’intelligence humaine ? Autant de questions qui ne peuvent être laissées aux apprentis sorciers de la finance.