Craintes liées à la guerre commerciale, tensions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, économies émergentes, inflation ; les raisons sont nombreuses, mais, en toile de fond, demeure la dédollarisation des échanges commerciaux.
Suivre le métal jaune pour suivre l’évolution du monde
C’est un vieil enseignement. Le métal jaune se déplace à mesure que change le centre de gravité du commerce et de l’industrie mondial. En tout cas, il est davantage accumulé par les économies qui prennent de l’importance. Il suffit de regarder le rôle qu’a joué la découverte des mines d’or de Californie dans le développement des États-Unis et du commerce par le Pacifique pour s’en convaincre.
Ce précieux métal est une valeur refuge qui, en certains temps, paraît plus sûr qu’une monnaie de réserve ou que toutes autres obligations. Le dollar n’échappe pas à la règle, malgré sa militarisation et l’ensemble des mécanismes qui régissent son utilisation et sa suprématie.
Ce n’est pas tant dans la guerre commerciale qu’il faut chercher les raisons fondamentales de cette nouvelle Ruée vers l’or. Ce n’est pas non plus dans le conflit en Ukraine, ni au Moyen-Orient, que l’on explique cette accélération – sans nier que ces conflits puissent jouer un rôle.
La crise financière de 2008 avait achevé de convaincre une majorité de la planète que l’hégémonie du dollar ne pouvait plus durer. La crise avait contaminé toute la planète. Il n’en fallait pas plus aux cinq membres fondateurs des BRICS pour engager un processus d’abandon progressif du dollar. Une dynamique continue, qui a fait chuter de plus de 12 points la part du commerce mondial en dollar en 25 ans.
S’ajoute à cela la menace de saisir les 300 milliards d’avoirs russes gelés qui, aux yeux de bon nombre de pays, ne fait qu’effriter un peu plus la fiabilité et la crédibilité du billet vert.
Industrie, finance et nouvelles économies
Cet engrenage – infernal pour les États-Unis – se traduit par l’augmentation des réserves d’or dans les banques centrales. Depuis que Richard Nixon a décidé de mettre fin à la parité entre le dollar et l’or, les rapports de forces ont changé. Le grand déménagement de l’industrie occidentale vers les pays « en voie de développement » a produit à la fois un déficit commercial abyssal et, en même temps, une interdépendance entre les économies mondiales. Jusqu’ici au profit des États-Unis mais il semblerait que ces mêmes pays « en voie de développement » ont désormais bien des « cartes entre les mains ».
La Chine, la Russie et l’Inde figurent parmi les dix pays qui détiennent le plus d’avoirs en or. Mais là encore, c’est la dynamique qu’il faut observer. La tendance va clairement à l’accumulation du métal dans les nouveaux pôles économiques ; il y est vu comme une alternative au dollar et au circuit monétaire occidental (sanctions comprises) en attendant, peut-être, la constitution d’une nouvelle unité de compte d’ores et déjà évoquée lors du dernier sommet des BRICS+ à Kazan.