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Simun Galic/shutterstock
Qui éteindra les mégafeux ?

L’éternel problème du Canadair

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Mise à jour le 7 août 2025
Temps de lecture : 4 minutes

Mots -clé

Chine Industrie Climat

À chaque nouvel incendie, c’est la même question qui revient : où sont les Canadairs  ? Ces avions bombardiers d’eau, capables d’écoper en vol rasant sur les lacs ou la mer pour larguer des milliers de litres d’eau sur les feux, sont devenus un outil indispensable pour contenir les mégafeux. Et pourtant, ils restent dramatiquement peu nombreux.

La flotte mondiale de ces avions spécialisés oscille aujourd’hui entre 170 et 200 appareils. Un chiffre dérisoire à l’heure où les incendies géants se multiplient et gagnent en intensité sous l’effet du réchauffement climatique.

Une répartition inégalitaire, un outil vieillissant

Parmi les différents modèles existants, c’est le Canadair (CL-415) qui s’est imposé comme la référence depuis plusieurs décennies. Conçu initialement au Canada, il peut transporter 6 137 litres d’eau et se ravitailler en à peine 12 secondes.

Mais sa répartition mondiale est inégalitaire. Plus de 90 % des Canadairs sont détenus par des pays occidentaux. L’Amérique latine, l’Asie du Sud-Est ou encore l’Afrique doivent attendre – parfois en vain – une hypothétique aide internationale lorsqu’ils sont frappés par les flammes.

Ensuite, la flotte existante vieillit dangereusement, y compris en Europe. En France, les 12 avions en service ont 30 ans de moyenne d’âge. Une vétusté qui rend leur disponibilité incertaine.

Cette situation est le fruit d’un abandon industriel progressif. D’abord produit par Canadair, puis Bombardier, l’avion est aujourd’hui sous contrôle de De Havilland Canada, depuis le rachat des actifs en 2016. Mais la production a été complètement arrêtée en 2015, faute de commandes suffisantes.

En 2022, Emmanuel Macron avait promis un renouvellement ambitieux de la flotte française : 16 avions neufs pour remplacer les 12 existants, d’ici à 2027. Une promesse déjà hors d’atteinte.

À mi-2025, seules deux commandes fermes de nouveaux DHC-515 ont été officiellement enregistrées, avec des dates de livraison floues.

Un symbole de plus de la désindustrialisation de la France, qui ne dispose plus d’aucune capacité de production nationale pour ce type d’équipement stratégique.

La Chine entre en scène

Et les pays du Sud dans tout ça ? Beaucoup dépendent encore de l’aide extérieure. Mais certains prennent désormais une autre voie. Comme souvent ces dernières années, c’est la Chine qui change l’échelle du problème.

En avril 2025, Pékin a certifié l’AG600 Kunlong, plus grand avion amphibie du monde. Capable de transporter 12 tonnes d’eau – soit le double du Canadair – avec une autonomie de 4 500 km et 12 heures d’endurance, il s’annonce comme un nouvel acteur de poids dans la lutte contre les incendies géants.

L’AG600 illustre la domination industrielle chinoise, sur le modèle de ce qu’on observe dans l’automobile ou l’énergie. Entièrement assemblé avec des composants nationaux, il repose sur une chaîne de valeur intégrée et souveraine, dans laquelle l’État joue un rôle central : planification, formation, investissements massifs dans la recherche, montée en compétences de l’industrie nationale…

Même les moteurs WJ-6, dérivés de l’ancien AI-20 soviétique, témoignent d’une capacité à adapter des technologies étrangères pour les intégrer à une stratégie de long terme.

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