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R&D

Innovation, industrie, planification, où va la recherche française ?

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Mise à jour le 18 juillet 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Industrie Science

Entre diminution des publications scientifiques et coupe dans les dépenses publiques, la mauvaise santé de la recherche française a des répercussions tout à fait concrètes. Sur l’industrie, la transition énergétique et bien d’autres choses, le pays prend du retard. Mais à qui la faute  ? Est-ce simplement dû à un manque de moyens financiers ou humains ?

Dernier exemple de cette chute, le CNRS est sorti cette année du Top 10 du classement des institutions mondiales en matière de recherche de la revue Nature. Une tendance confirmée par le récent rapport de l’Observatoire des Sciences et Techniques (OST), qui dépend du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). En cause, la chute continue du nombre de publications scientifiques depuis 15 ans.

Quand la recherche ne mène plus à l’usine

Une note assez conséquente de l’UNSA Éducation indique que « la part des publications scientifiques mondiales détenue par la France, comme par l’ensemble des pays européens, diminue tendanciellement au profit des pays émergents ». Rien de surprenant ni d’inquiétant, a priori. Il y a une reconfiguration mondiale. Mais les chiffres sont aussi en baisse en valeur absolue avec, en 2022, près d’un tiers de brevets déposés en moins par rapport au début des années 2000. Concrètement, sur la période 2016-2021, la France représente 3 % du total des dépôts de brevets, loin derrière l’Allemagne (9 %).

Pourtant, la France a largement augmenté les moyens alloués au secteur privé (de 3 milliards d’euros en 2010 à près de 10 milliards d’euros par an aujourd’hui via le crédit impôt recherche) et dispose d’une forte densité de chercheurs (11 chercheurs pour 1 000 emplois, au 6e rang mondial en 2019). Mais les retombées économiques de l’innovation sont largement insuffisantes.

On peut donc raisonnablement penser qu’il ne s’agit pas « que » d’une question de moyens. Le fossé entre recherche fondamentale et recherche appliquée, ainsi que la faible part des PME touchées par ces aides, apportent une part de l’explication – d’autant que ces PME constituent l’essentiel du tissu économique et ont un fort potentiel d’innovation.

Produire du savoir, produire tout court

Et les conséquences s’en font ressentir. La France peine à transformer ses résultats scientifiques en innovations industrielles, comme en témoigne la faiblesse du transfert technologique. Car c’est bien dans la R&D (recherche et développement) que pèche le pays  ; dans les applications industrielles et commerciales d’une invention. Les exemples ne manquent pas.

Dans la production de batterie pour véhicules électriques, c’est précisément sur la « production » que le blocage se fait. Christophe Pillot, dirigeant du cabinet d’intelligence économique Avicenne Energy, indiquait à nos confrères de l’Usine Nouvelle le mois dernier que « industriellement, c’est difficile. Il ne suffit pas d’assembler de belles machines. Il faut les régler, les opérer et c’est là que ça se gâte ». Et d’ajouter que nous avons « un retard structurel sur la partie industrialisation qui est énorme, avec un savoir-faire sur lequel on ne va pas les rattraper [les entreprises chinoises] en six mois ».

Preuve en est que, au-delà des moyens, c’est toute une conception de la recherche, de la planification et de la production nationale qui est en cause.

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