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Dette publique, qui sont nos créanciers ?

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Mise à jour le 3 octobre 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Finance Dette publique

La dégradation des finances publiques accroît la dépendance de la France aux marchés financiers. Selon l’Agence France Trésor (AFT), la dette publique française est actuellement détenue à 55 % par des investisseurs « non-résidents ». Cette proportion est en augmentation sur les dernières années (48 % en 2022).

Malgré l’instabilité politique de la France, ces investisseurs continuent à acheter des obligations, car elles offrent un rendement élevé (3,5 % dans le cas des OAT à 10 ans).

Les investisseurs étrangers achètent les obligations (OAT) soit lors de leur émission par l’AFT, soit sur le marché secondaire où elles sont échangées.

Malheureusement, l’AFT ne publie pas de données précises sur l’identité ou la nationalité des groupes qui achètent de la dette publique, mais il s’agit de fonds de pension, assurances, fonds souverains, etc. On sait seulement que les investisseurs non-résidents proviennent pour moitié de la zone euro et pour l’autre moitié de l’Amérique du Nord et du Japon.

Qui dit dépendance, dit risques accrus

Cette composition de la dette expose notre pays à un risque plus grand de désengagement brutal des investisseurs. Cela aurait d’abord pour conséquence une hausse des taux d’intérêt, c’est-à-dire un coût plus élevé des emprunts que l’État effectue pour compenser le déficit budgétaire (en 2025, l’État va payer 67 milliards d’euros d’intérêts).

Il ne faut pas écarter non plus le risque que des intérêts étrangers utilisent la dette française pour des opérations de déstabilisation.

Le risque est presque nul avec les investisseurs français (45 % de la dette), qui sont majoritairement des banques et assurances françaises qui achètent de la dette publique avec l’épargne des Français. Le pouvoir politique a beaucoup plus de prise sur eux.

La dépendance de la France sur ce sujet est particulièrement élevée en comparaison aux autres pays du G7. Tout simplement, la France a la plus grande part de dette détenue par des non-résidents, devant l’Allemagne (47 %), l’Italie (34 %) ou encore les États-Unis d’Amérique (27 %).

Pour autant, cette composition de la dette française n’est pas un avantage : le coût des emprunts reste élevé pour la France. Plus de dépendance, mais des taux d’intérêt quand même élevés. Pour cause : le pouvoir politique se donne peu de prise sur ces coûts qui sont en fait fixés par les marchés financiers.

Pourquoi on continue comme ça ?

Pourquoi ne pas simplement arrêter d’emprunter aux marchés financiers et couvrir les besoins de financement du pays par la Banque de France ?

C’est en fait interdit par l’Union européenne, qui nous oblige à avoir recours aux marchés financiers pour emprunter. En effet, si la Banque de France pouvait prêter directement à l’État, nous mènerions de fait notre propre politique monétaire (ce qui aurait une influence sur la monnaie, l’euro en l’état).

En attendant de trouver une solution de ce côté-là, si l’on veut réduire la dépendance aux marchés financiers, il y a plusieurs leviers.

La droite ne parle que de la baisse du déficit public sous le prisme de la diminution des dépenses publiques. Pour que ça marche, il faudrait des coupes brutales et profondément antisociales, et l’économie française pourrait en pâtir (risque de récession).

Il y en a évidemment d’autres : améliorer les recettes budgétaires en faisant payer le capital, en créant de l’emploi utile, réduire notre dépendance aux importations (relance industrielle), sortir de la vassalisation à l’impérialisme américain qui nous coûte très cher…

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