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Bruno Le Maire et Olaf Scholz, Chancelier fédéral d'Allemagne - Alexandros Michailidis / Shutterstock.com
Analyse

Derrière Bruno Le Maire, notre ennemie : la finance

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Gouvernement Front populaire

À quoi joue Bruno Le Maire ? Le ministre des Finances démissionnaire d’Emmanuel Macron prépare le budget comme s’il allait continuer à gouverner. Coup de force ou conviction profonde « qu’il n’y a pas d’alternative » comme le disait Margaret Thatcher ? Pourtant, il y en a bien une d’alternative. Pas deux ni trois, mais bien une. Mais le Nouveau Front populaire y est-il prêt s’il est appelé à gouverner ?

Pas de trêve olympique pour les ministres démissionnaires qui préparent activement le budget 2025. Ironiquement, le futur gouvernement aura moins de temps pour plancher sur le budget qui sera effectivement présenté au Parlement que Bruno Le Maire n’aura eu pour préparer un budget qui ne sera pas présenté.

Mais s’il n’est pas présenté, pourquoi les services de Bercy suent-ils dessus ? C’est que les marchés financiers ont d’autres échéances que le calendrier parlementaire. L’actuelle suspension des institutions bourgeoises rappelle à qui appartient la souveraineté dans le capitalisme.

Le retour du Mur de l’argent

Le gouvernement démissionnaire a les yeux rivés sur les spreads, c’est-à-dire l’écart entre le taux d’intérêt payé par la France pour emprunter par rapport à celui payé par l’Allemagne qui augmente fortement.

Très bien, mais on s’en fiche nous, non ? Eh bien, non. Nous voyons se mettre en place ce qu’on appelait dans un autre temps le Mur de l’argent.

Il y a très exactement un siècle, le Cartel des gauches en avait fait le premier les frais. Malgré un programme bien modéré, les milieux financiers avaient transféré massivement leurs capitaux vers l’étranger, engendrant une crise économique et rendant impossible pour le gouvernement de refinancer la gigantesque dette héritée de la Grande Guerre de 1914.

Rebelote aujourd’hui ? Pour schématiser ce que disent les spreads, c’est que les capitalistes déplacent leur argent de la France vers l’Allemagne, menaçant les capacités d’un futur gouvernement à financer ses politiques.

Contre la logique austéritaire : la rigueur comptable du Nouveau Front populaire ne suffira pas

Pour rassurer les marchés, Bruno Le Maire a mis en réserve 10 milliards d’euros, c’est-à-dire qu’il interdit aux ministères de dépenser les crédits qui avaient été votés… après une baisse de 15 milliards déjà. Sa proposition : que le prochain gouvernement annule purement et simplement ces 10 milliards pour faire des économies en plus des 20 milliards qu’il recommande de supprimer en 2025.

Le programme du Nouveau Front populaire suit une autre logique et prévoit des augmentations des recettes pour couvrir le déficit actuel et les nouvelles dépenses. Problème toutefois : celles-ci ne rentreront que progressivement alors que les dépenses doivent être engagées rapidement. Entre temps, il faut de la dette.

Se faire nommer par Macron ne suffira pas à avoir les coudées franches

Le Nouveau Front populaire ne pourra se contenter des recettes de son vénérable ancêtre de 1936, a fortiori sans sa large majorité. Pour contrer le pouvoir du grand capital, celui-ci avait ainsi mis en place un contrôle des mouvements de capitaux et imposé à la Banque de France de lui faire des avances à des taux bien inférieurs à ceux du marché. Dans le cadre européen, les libéraux ont retiré ces deux outils aux États.

À défaut de sortie ou de désobéissances aux traités européens, ne reste alors qu’une solution : suspendre la dette au moins le temps que le capital revienne à la raison et les taux d’intérêt à la normale.

De ne pas avoir pris la mesure du danger posé par le Mur de l’argent, le Nouveau Front populaire apparaît démuni. Il n’est cependant pas trop tard pour poser les questions qui vont fâcher dans n’importe quelle coalition de gauche, aujourd’hui ou à l’avenir…

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