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ANURAKE SINGTO-ON/shutterstock
Govini alerte

Comment les États-Unis dépendent de la Chine pour produire leurs armes

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Mise à jour le 5 septembre 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Chine Armement États-Unis Nucléaire

Un rapport de l’institut états-unien Govini relève une « dépendance critique de la base industrielle de défense américaine envers la Chine ». Derrière les chiffres, une réalité stratégique se dessine : Pékin pourrait paralyser l’appareil militaire américain sans tirer un seul missile. En cause, des chaînes d’approvisionnement fragiles, un capital humain affaibli et un temps industriel que Washington ne maîtrise plus.

Govini, entreprise technologique spécialisée dans l’analyse des flux industriels militaires, a développé Ark, une plateforme d’intelligence artificielle capable de cartographier les chaînes d’approvisionnement du Pentagone. Grâce à cet outil, l’institut révèle que même des fournisseurs de premier ordre dans le secteur de la défense sont chinois.

Une base industrielle affaiblie, des chaînes d’approvisionnement sous influence

Dans le nucléaire, la dépendance atteint 534 fournisseurs. Dans l’aviation, elle grimpe à 6,9 %, et pour l’Air Force, elle augmente de 25 %. Plus encore, 78 % des armements américains dépendent de composants chinois et 40 % des semi-conducteurs utilisés dans les systèmes d’armes proviennent de Chine.

Cette dépendance ne s’est pas réduite, elle s’est aggravée. Govini parle d’un « reflet atrophié de son ancien moi » pour qualifier la base industrielle américaine. Les pratiques d’acquisition du Pentagone, centrées sur le « coût le plus bas techniquement acceptable », ont découragé les investissements dans la production nationale. Les PME ferment, les lignes de fabrication se réduisent et les grands groupes rationalisent leurs commandes. Résultat : une vulnérabilité structurelle que la Chine peut exploiter sans conflit ouvert.

Le temps industriel, une ressource stratégique oubliée

Relancer une industrie ne se décrète pas. Il est plus facile d’imprimer des milliards que de reconstruire des usines, des filières techniques et des savoir-faire. Le temps industriel est long, exigeant et incompatible avec les logiques politiques de court terme. Produire un missile ou un avion de chasse nécessite des infrastructures, des machines, des normes… mais surtout du capital humain.

Le capital humain, maillon oublié

— La relance industrielle exige une main-d’œuvre qualifiée
— Les filières techniques ont été dévalorisées pendant des décennies
— Le temps de formation est long : plusieurs années pour former un soudeur aéronautique ou un ingénieur en électronique militaire
— Sans capital humain, les investissements industriels restent inefficaces

Or, ce dernier est en crise. Les États-Unis ont perdu des générations de techniciens, d’ingénieurs et d’ouvriers spécialisés. La main-d’œuvre qualifiée se raréfie, les filières techniques ont été dévalorisées et la formation professionnelle ne suit pas. Sans soudeurs aéronautiques, sans électroniciens militaires, les milliards investis restent lettre morte. Govini alerte : la souveraineté industrielle passe par la reconstruction d’un tissu humain compétent, capable de répondre à la demande stratégique.

Cette réalité industrielle, lente à reconstruire et impossible à compenser par des effets d’annonce, révèle une vérité brutale : les États-Unis sont un colosse au pied d’argile. Leur puissance militaire repose sur des fondations fragiles, dépendantes d’un adversaire stratégique. La Chine, elle, avance sans bruit, consolidant ses chaînes, formant ses ingénieurs, maîtrisant ses flux. Elle n’a pas besoin de guerre : elle a le temps, les ressources et la structure pour la gagner sans la faire. C’est le sens d’une analyse matérialiste, loin des discours de puissance et des rhétoriques de dissuasion. La force repose sur la capacité à produire, pas à promettre.

Dépendance industrielle : les chiffres clés
Secteur Niveau de dépendance
Défense (global) 11,1 %
Aviation 6,9 %
Air Force (supplémentaire) +25 %
Armements américains utilisant des composants chinois 78 %
Semi-conducteurs importés de Chine 40 %
Dépendance électronique (évolution 2014–2022) +600 %
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