Il est important de donner un coup de projecteur sur des pratiques scandaleuses sur les cours du blé comme celui du Marché à terme international de France ou “marché papier“ (MATIF).
Le constat est sans appel. En juin 2022, ce sont près de 70 % des achats sur le marché du blé qui ont été effectués par des acteurs financiers et 80 % des achats étaient purement spéculatifs. À l’origine, le MATIF avait pour vocation de servir d’assurance des prix aux acteurs commerciaux qui produisent les matières premières agricoles.
Mais cette époque est révolue et le négoce des matières premières a attiré des plus en plus d’acteurs financiers pour spéculer sans aucun remord. Plus les prix fluctuent, plus les acteurs financiers peuvent effectuer des paris à la hausse ou à la baisse et ramasser les royalties. Ces mainmises spéculatives ont des conséquences sur les prix et permettent aux marchés financiers de capter une partie de la valeur de l’alimentation en pariant sur un sujet aussi vital que celui de la sécurité alimentaire de nombreux pays du sud.
Les spéculateurs font du blé
Selon une enquête du Lighthouse d’avril 2023, on enregistre des profits records des dix plus grands fonds d’investissement présents sur le marché des céréales et du soja. Ils réalisent 2 milliards de profits à l’échelle mondiale au premier trimestre 2022.
C’est aussi, pour les vingt plus grosses entreprises de l’agroalimentaire sur les deux dernières années, une distribution de 53 milliards aux actionnaires. Les activités spéculatives sont l’essence même du capitalisme financiarisé et aggravent la précarité alimentaire de pays entier.
Au bout de ce système commercial obscène basé sur le profit, ce sont les plus pauvres qui subissent parfois des famines ravageuses. Ce sont toujours les ménages les plus modestes et les pays du sud qui paient les pots cassés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, aujourd’hui en France, une personne sur six déclare ne pas manger à sa faim et 10 % de la population mondiale est sous-alimentée. Une situation révoltante qui préoccupe des pays comme l’Égypte, qui recherche, à travers les BRICS+, une sécurité alimentaire afin d’assurer la stabilité du pays dont la démographie explose et qui est un des plus grands importateurs de céréales.