Les alertes de ce type se multiplient depuis plusieurs années. La Fédération des industries des équipements pour véhicules (FIEV) évoquait déjà, en septembre dernier, la perte potentielle de « la moitié des emplois [dans la filière de la sous-traitance] sur les cinq années à venir ».
Une chute libre depuis 20 ans
Le contraste est saisissant. En 2004, plus de 3,6 millions de véhicules sortaient chaque année des usines françaises. En 2024, ce chiffre est tombé à seulement 1,3 million. La France, qui occupait alors le 4ᵉ rang mondial de la production automobile, est désormais reléguée à la 11ᵉ place.
Parmi les dix modèles les plus vendus en France, seuls deux sont encore fabriqués dans l’Hexagone : la Peugeot 3008 et la Toyota Yaris Cross. Le reste est produit à l’étranger. L’une des spécificités historiques du secteur français – la production en masse de petits modèles populaires – a été largement délocalisée, notamment en Espagne, au Maroc, en République tchèque ou encore en Roumanie.
Pire encore : les usines restantes tournent au ralenti. Le taux d’utilisation des capacités de production n’est plus que de 51 %, contre 75 % encore en 2017.
Selon Xerfi, d’ici 2035, 20 300 postes pourraient disparaître chez les constructeurs, 19 140 chez les équipementiers, et 16 230 chez les fournisseurs. Ce déclin s’inscrit dans une tendance longue : depuis 2020, le secteur automobile amont (constructeurs, équipementiers, fournisseurs) a déjà perdu 38 600 emplois, soit près de 10 % des effectifs en seulement cinq ans.