En 1999, Renault investit 5 milliards d’euros pour acquérir 36,4 % de Nissan, alors en difficulté financière. Pendant bien des années, les deux mastodontes nageaient en plein bonheur, jusqu’à devenir, ensemble, le leader automobile mondial au premier semestre 2017, coiffant au poteau les géants historiques que sont Volkswagen, Toyota ou General Motors, le temps de quelques mois.
Renault refuse les fusions et gagne du terrain
Cette alliance, qui n’est « qu’un » partenariat capitalistique, industriel et technologique, n’a jamais été jusqu’à la création d’une coentreprise. Cela détonnait déjà quand, au même moment, la fusion entre le groupe PSA (Peugeot, Citroën, DS Automobiles, Opel, etc.) et Fiat Chrysler Automobiles était en préparation. De l’alliance à la création d’une nouvelle entité, il n’y a parfois qu’un pas. Visiblement, Renault s’y refuse et rejette l’idée que c’est un « grand consortium » qui permettra à la France et à l’Europe de s’en sortir dans cette nouvelle époque. Les chiffres semblent pour l’instant lui donner raison.
Alors que le secteur traverse une crise historique, le groupe peut se targuer d’être en croissance lorsque Stellantis recule. Sa structure est assez sobre en comparaison de ses concurrents occidentaux ; trois marques sont entièrement intégrées au constructeur : Renault, Alpine et Dacia – qui joue pour beaucoup dans les bons résultats de l’entreprise.
Dans la foulée de la rupture décidée par Bruxelles sur l’électrification des véhicules, la firme a séparé ses activités en deux entités distinctes : Renault Ampere, dédiée à l’électrique et aux logiciels automobiles ; Horse, une coentreprise détenue à 50% par le constructeur chinois Geely, dédiée au développement et à la fabrication de moteurs essence, diesel et hybrides. Cette scission en deux entités est vertement critiquée par les travailleurs, notamment la CGT qui s’est tout de suite montrée inquiète des conséquences sociales de cette spécialisation à marche forcée. L’actualité leur donne raison.
Ciao le Japon, bienvenue la Chine ?
Après avoir – difficilement – survécu à l’épisode Carlos Ghosn, Renault se désengage progressivement de Nissan pour se recentrer sur son partenariat avec Geely. Un accord-cadre vient d’être signé entre les deux pour engager un partenariat stratégique au Brésil et, avec la coentreprise Horse, ils promettent d’annoncer de nouvelles technologies lors du Salon de l’automobile de Shanghai qui ouvre ses portes ce 24 avril.
En parallèle, Renault et Nissan ont officialisé une nouvelle étape de leur désengagement mutuel en abaissant le seuil de leurs participations croisées de 15 % à un minimum de 10 % le 31 mars 2025. Dans la foulée, Nissan a renoncé à investir dans Ampere, la filiale électrique de Renault. Un engagement de 600 millions d’euros était initialement prévu, mais Nissan préfère rester un simple client de l’entité. Une manière pour le japonais de signifier que, dans la nouvelle donne mondiale, chacun garde désormais ses billes.