Du rêve électrique aux réalités industrielles
Fondée avec l’ambition de concurrencer les dirigeants asiatiques, Northvolt avait levé plus de 13 milliards de dollars auprès d’investisseurs prestigieux tels que Volkswagen, Goldman Sachs et BMW. Mais malgré cet afflux de capitaux, l’entreprise n’a atteint que 5 % de sa capacité de production prévue.
Cette sous-performance s’explique par plusieurs facteurs. Premier d’entre eux, le manque d’expérience dans la production de masse et industrielle. La fabrication de batteries pour véhicules électriques est un processus complexe nécessitant une précision extrême. Northvolt, à la différence de ses concurrents chinois, manquait d’expertise opérationnelle, ce qui a conduit à des taux de rebut élevés et à des retards dans la montée en cadence.
Viennent ensuite des difficultés à respecter les normes de l’industrie automobile. L’industrie est régie par des normes strictes, notamment la norme IATF 16949, qui exige des processus de qualité rigoureux tels que l’APQP et l’AMDEC. L’incapacité de Northvolt à obtenir la validation du processus PPAP (Production Part Approval Process) a été particulièrement préjudiciable.
Et enfin, l’introduction de nouvelles technologies sans filet de sécurité. L’innovation implique des risques. Les nouveaux outils et méthodes de travail ont augmenté la probabilité de défauts non planifiés.
Conséquences et effondrement financier
Le point culminant des difficultés de Northvolt est arrivé en juin 2024 lorsque BMW a annulé une commande de cellules de batteries d’une valeur de 2,15 milliards de dollars. Incapable de respecter les délais de livraison et de valider le PPAP, Northvolt a perdu la confiance de ses clients et investisseurs.
Une situation qui a été aggravée par une baisse de la demande de batteries en Europe. La réduction des subventions gouvernementales pour les véhicules électriques a entraîné une chute des ventes, poussant les constructeurs à revoir leurs plans d’électrification et à réduire leurs commandes. Les investissements massifs n’ont pas suffi à compenser les pertes opérationnelles.
Le Production Part Approval Process (PPAP) est un standard de l’industrie automobile qui certifie la capacité d’un fournisseur à produire des pièces conformes aux exigences du client, à la cadence prévue et sans interruption. L’échec de Northvolt à valider ce processus a été déterminant dans la rupture de ses contrats, notamment avec BMW.
L’Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité (AMDEC) est un outil essentiel pour anticiper et prévenir les risques de défaillance dans les processus de production. Une application rigoureuse de l’AMDEC permet d’identifier les problèmes potentiels et de mettre en place des actions correctives avant qu’ils ne surviennent en production.
La décision de plusieurs gouvernements européens de réduire ou de supprimer les subventions à l’achat de véhicules électriques a eu un effet domino sur l’industrie des batteries. Les constructeurs automobiles, anticipant une baisse de la demande, ont ralenti leurs investissements dans l’électrification, annulant ou rapportant des commandes. Pour Northvolt, déjà fragilisée par des problèmes de production, cette baisse de la demande a accentué ses difficultés financières, précipitant sa chute.
