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Peter Lundgren/shutterstock
Industrie des batteries

Northvolt dépose le bilan et ACC valide un plan de départ

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Mise à jour le 21 mars 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Industrie Automobile Union européenne

Malgré des annonces tonitruantes sur l’industrie des batteries, l’Europe voit ses fleurons prendre l’eau. Northvolt a annoncé le 12 mars avoir déposé le bilan en Suède, son pays d’origine, tandis qu’ACC vient de valider, avec les syndicats, une rupture conventionnelle collective sur ses sites de Bruges (Gironde) et de Paris.

Une remise en cause évidente des politiques bruxelloises et des stratégies industrielles européennes qui n’ont pour seul objectif que « d’apporter une alternative à la mainmise des acteurs asiatiques », selon les mots de Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC.

Le martyr de Northvolt

Dans le petit monde de l’industrie automobile, tout le monde le sait. L’Europe joue sa crédibilité industrielle avec le dossier Northvolt. Lorsque la startup suédoise a lancé la première gigafactory européenne de batterie en 2021, la Commission européenne saluait ce qu’elle qualifiait « d’exemple à suivre ».

Puis tout est allé très vite. En l’espace de deux ans, la startup a appris à ses dépens qu’il n’est pas si simple de produire à l’échelle industrielle des batteries fiables. En novembre 2024, elle demandait son placement sous la protection du « chapitre 11 » de la loi américaine sur les faillites et voyait son PDG démissionner.

Ce 12 mars, le groupe annonce déposer le bilan. « L’entreprise n’a pas été en mesure de réunir les conditions financières nécessaires pour poursuivre ses activités sous sa forme actuelle », a déclaré la direction de l’entreprise. Avec une dette qui s’élèverait à plus de 8 milliards de dollars selon Reuters, c’est l’avenir des 5 000 travailleurs concernés qui est maintenant compromis. Neuf entités du groupe sont touchées. Au total, Northvolt a reçu plus de 10 milliards de dollars en fonds propres, en dette et en financement public depuis sa création en 2016.

ACC sur le même chemin ?

La faillite de Northvolt inquiète tous ses concurrents européens. Automotive Cells Company (ACC), coentreprise entre Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies devait pour sa part être « l’exemple français ». Après avoir inauguré sa première gigafactory à Billy-Berclau (Pas-de-Calais), le consortium a suspendu ses projets en Italie et en Allemagne. En fin d’année 2024, l’équipe de nuit de la ligne de prototypage à Bruges a été supprimée. Nous apprenions quelques semaines plus tard qu’une des deux équipes de jour devait disparaître à son tour.

En février, ACC a entamé des négociations avec les syndicats pour mettre en place un plan de départ volontaire sous forme de rupture conventionnelle collective  ; un plan désormais conclut qui concerne environ 100 postes, principalement sur les sites de Bruges (centre R&D) et Paris (siège). Si l’usine pilote de Nersac (Charente) et la gigafactory de Billy-Berclau ne sont pas touchés, les nouvelles ne sont pas bonnes.

La Commission européenne s’excite pour faire face à la situation, mais ne semble pas saisir les ressorts de la réussite chinoise dans le secteur. Dernière nouvelle en date, la Commission dévoilait le 5 mars un « plan d’action » pour soutenir la filière automobile. Sur les batteries, elle étudie la possibilité d’accorder une subvention directe à la production, c’est-à-dire d’offrir entre 20 et 30€ aux entreprises par kilowattheure produit. Autant dire que cela ne répond en rien à l’impossible montée en cadence et au fossé technologique d’ores et déjà creusé par les fabricants asiatiques.

La réaction d’ACC est pour le moins explicite : « Pour en bénéficier, il nous faudra avoir réussi à survivre jusque-là ».

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