En 2007, l’effectif en équipementiers dans le secteur de l’automobile était de plus de 117 000 personnes. Aujourd’hui, ce chiffre a fondu de moitié pour passer à 57 000. D’ici à quelques années, nous pourrions tomber à moins de 30 000 ; réindustrialisation qu’ils disaient…
Les conséquences concrètes des annonces en cascade de fermetures de sites et autres « réorientations stratégiques ». Valeo, Faurecia, Bosch, M.A France, et autres Impériales Wheels ; derrière ces liquidations, restent sur le carreau des milliers d’hommes et de femmes. Derrière ces liquidations reste aussi le spectre de la disparition d’une filière.
Mais qui sont les fautifs ?
La rupture imposée par l’UE sur la transition électrique tient une bonne place sur cette liste. Loin d’être la transition affichée, les mesures brutales et hâtives de Bruxelles ont plongé les constructeurs et les équipementiers dans des contradictions difficiles à résoudre : retards technologiques, investissements mal placés, manque de formation, achats de nouveaux modèles en berne, défaillances stratégiques.
Différents constructeurs ne se privent pas de rappeler que l’interdiction des moteurs thermiques dès 2035 est accompagnée d’un « calendrier européen de durcissement des normes d’émissions de CO₂ ». En l’état, cette rupture est engagée dès l’année prochaine. C’est le sens de leurs appels récent à « l’assouplissement » des mesures contraignantes sur la décennie à venir.
Autre raison : cette interdiction d’importer et de produire des véhicules émetteurs de CO₂ sur le territoire européen n’implique pas d’autres conditions. Il est possible pour un équipementier de délocaliser sa production de tableau de bord, de miroiterie ou encore de sièges sur d’autres continents, à bas-coût et là où l’automobile thermique est encore en développement. Coup double, puisque deux marchés s’ouvrent sur l’autel des filières du continent.
Cette lente agonie trouve son point de chute entre les décisions déconnectées de Bruxelles (avec l’assentiment de la plupart des États), les intérêts financiers au détriment des intérêts industriels et les stratégies court-termistes.
D’aucuns pointeraient donc avec aplomb la « concurrence déloyale » de la Chine sur ce marché, sans remettre en cause la guerre commerciale initiée par l’UE contre Pékin, au détriment de sa propre industrie.