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Industrie automobile

Les barrières douanières ne protègent ni les travailleurs, ni les consommateurs

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Mise à jour le 29 novembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes

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Chine Industrie Automobile Union européenne Allemagne

Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, donnait il y a quelques jours son avis sur les nouvelles barrières douanières contre la Chine. Rappelant qu’elles vont atteindre « 30 à 50 % au total », il s’indigne des subventions publiques dont profitent les industriels chinois, y voyant « quelque chose de profondément inéquitable ».

À Bruxelles, la France s’est empressée d’approuver ces nouvelles taxes contre les véhicules produits en Chine. Car oui, rappelons d’emblée qu’il s’agit des véhicules « produits en Chine » et non des « véhicules chinois ».

Les consommateurs paieront le prix fort

Le diable se cache dans les détails, et le gouvernement joue de cette nuance pour déclarer qu’il s’agit là d’une mesure « protectrice ». Ces mêmes dirigeants qui oublient au passage que de nombreux constructeurs européens produisent depuis bien longtemps leurs modèles dans l’Empire du milieu : Volkswagen et BMW en tête, mais aussi Renault (dont l’État est actionnaire) par exemple.

Ce n’est pas tant la question. Lorsque le gouvernement dit vouloir « protéger » notre marché, c’est aux consommateurs et aux travailleurs des industries qu’il s’adresse. Problème, le coût de cette « protection » n’est pas évoqué.

Imaginons, par exemple, qu’un véhicule au prix de 20 000€ (c’est rare  !) venait à être surtaxé de 30 %. Pourrait-on croire que le prix reste inchangé  ? La presse spécialisée annonçait la couleur avant même que cette nouvelle taxe soit entérinée définitivement. « Déjà taxée à 10 %, la Spring a vu, depuis le 5 juillet, ses droits d’importation passer à 30,8 % », pouvait-on lire sur le site de l’Argus. Et de poursuivre que « si Dacia décide de répercuter l’intégralité de cette hausse des taxes sur le prix client, la Spring pourrait augmenter de 3 931 € pour s’afficher à 22 831 € ». On a vu meilleure protection.

Reste posée la question de nos industries. C’est assez pittoresque de voir les financiers s’inquiéter à grands cris pour l’industrie de notre pays, ceux-là mêmes qui n’ont pas attendu la Chine pour détruire l’ensemble des filières industrielles françaises. La facilité pousserait à dire que les uns détruisaient leurs outils de production lorsque les autres s’évertuaient à les développer.

De quoi la « concurrence déloyale » est-elle le nom ?

Il est reproché aux industries chinoises de profiter de subventions publiques massives, conduisant à une « concurrence déloyale ». Pékin a effectivement fait le choix, très tôt, dès 2001, d’investir massivement dans la technologie des véhicules électriques. Mieux, elle l’a intégré à son plan quinquennal. Un pari pour l’époque. Elle y a mis des moyens, certes, mais aussi des objectifs politiques et nationaux – ce qui semble infaisable depuis des décennies en France («  mais qu’avez-vous donc fait de l’argent public  ? » s’étonne le Premier ministre !).

Si comparaison n’est pas raison, cette manière de flécher l’argent public a fait de la France une championne en matière énergétique avec son parc nucléaire, lui conférant de gigantesques possibilités industrielles, avant que cela ne soit considéré comme une « arme » au service d’une concurrence déloyale. Résultat, le carcan du marché européen de l’énergie et un prix d’achat du MWh plus de deux fois supérieur au coût de production. « Protéger » les consommateurs, disaient-ils alors.

Cette rhétorique ne tient décidément pas debout.

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