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Hordain

La CGT en lutte contre les projets de délocalisation de Stellantis

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Mise à jour le 6 juin 2024
Temps de lecture : 6 minutes

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Industrie Automobile Luttes CGT Syndicalisme

La liquidation de l’équipementier MA France (Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis) a mis le feu aux poudres et, surtout, a révélé la catastrophe sociale vers laquelle le constructeur automobile Stellantis semble diriger les salariés.

Ce mardi matin, dès 9 h 00 pour les premiers arrivés, les salariés CGT de Stellantis Hordain (ex Sevelnord), de la CGT métallurgie Nord et de plusieurs équipementiers avaient investi la pelouse située en bordure du terre-plein, face à l’usine d’Hordain du constructeur automobile. À partir de 11 heures, les ouvriers du Nord accueillaient une délégation de l’équipementier Ma France, venue en bus d’Aulnay-sous-Bois.

Des garanties qui ne sont jamais venues

À compter du 17 avril, une longue grève de MA France, une entreprise spécialisée dans l’emboutissage de pièces de carrosseries et de châssis pour, notamment, les petits utilitaires Peugeot, Citroën et Renault, avait conduit à l’arrêt trois usines automobiles : Stellantis Poissy, Hordain et Luton, en Angleterre. Déclenché par une intersyndicale CGT-CFDT-FO, ce mouvement voulait obtenir « des garanties sur l’avenir de leur emploi et la pérennité du site industriel », explique la CGT. C’est l’annonce d’une délocalisation de la production qui avait provoqué la colère des ouvriers.

Force est de constater que ces garanties ne sont pas arrivées, et pour cause : «  la dernière usine de cette filière en Seine-Saint-Denis a été liquidée en moins d’une semaine », lit-on dans un tract que les salariés d’Aulnay ont distribué ce mardi matin à leurs collèges d’Hordain. (…) « Le donneur d’ordre Stellantis, de connivence avec notre propriétaire CLN, peut jeter à la rue 400 salariés sans que les ’’garants de l’ordre public’’ ne disent un mot. » De fait, les premières lettres de licenciement sont parties.

Pour la CGT, MA France fait les frais de la politique de délocalisation de Stellantis. Derrière cet équipementier, la liste est longue de ceux qui sont menacés. Comme par hasard, note Ludovic Bouvier, secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie Nord (USTM), ces équipementiers se trouvent tous dans un rayon très court autour de l’usine d’Hordain. Il cite Faurécia (Flers-en-Escrebieux) dont la production pour Stellantis risque de diminuer de 50 %, SNWN (Douai), le fabricant de composants plastiques Eurostyle (Lieu Saint-Amand)... Concernant ce dernier, « 12 moules sont déjà délocalisés en Turquie », précise-t-il.

Pour aller plus loin : La fuite en avant des équipementiers

Ce sont précisément ces délocalisations vers la Turquie, où Stellantis possède un site, qui mettent les salariés en émoi. « Il y a dix ans, Stellantis parlait de délocalisations aux portes de l’Europe. Aujourd’hui, c’est la Turquie, et il serait même question de transférer sa production turque de petits utilitaires vers l’Espagne pour la remplacer par ce qu’il produit aujourd’hui en France, et particulièrement dans le Nord. »

Entendre la colère sociale

Alors que Stellantis fabrique actuellement 150 000 véhicules par an à Hordain et 100 000 en Grande-Bretagne, « on se demande ce qu’il va rester », questionne-t-il en évoquant un premier projet portant sur 50 000 véhicules dont la fabrication partirait en Turquie. Pourtant, l’industrie automobile recrute et Stellantis Hordain recherche 400 agents de production cette année. Cela a été rappelé en avril lors du salon de l’emploi automobile organisé à Famars. Précisément, ce salon était proposé par l’entreprise Synergie, un spécialiste de l’intérim. Et à l’usine d’Hordain, on ne cache pas qu’un contrat pro est rémunéré au Smic. Additionné certes de primes.

Ludovic Bouvier ne se prive pas de dénoncer cette précarité qui n’augure rien de bon pour l’avenir : sur 2500 salariés, on recense 200 contrats pro et près de 700 précaires. Les ouvriers d’Aulnay ironisent sur cette déclaration du ministre de l’Économie Bruno Le Maire : «  Je pense que les grands donneurs d’ordres, Renault et Stellantis, dans cette période de transition très brutale, très rapide où la compétition est féroce, notamment avec la Chine, doivent faire attention à leurs sous-traitants ».

Ludovic Bouvier

Ceux de MA France regardent avec une grande inquiétude la montée en puissance de l’usine de Turquie. Qui seront les prochains à payer cette politique de délocalisation, demandent-ils. Hordain ? Poissy ? Luton ? « Les politiques doivent entendre la colère sociale du monde ouvrier et agir pour ne pas laisser le pouvoir au capital. »

Délégué syndical central CGT de Stellantis, Fabrice Jamart hoche la tête et pense à la venue de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, ce jeudi à l’usine de batteries électriques ACC de Douvrin. Inaugurée il y a à peine un an, celle-ci a du mal à assurer sa production. Le monde de l’automobile, dans le Nord, montre décidément des symptômes inquiétants.

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