Dès 2025, les constructeurs automobiles se verront amendés – ou pas – en fonction de leur avancée dans la « transition » électrique.
Un calendrier de sanction très clair
En 2035, il sera interdit de produire et de vendre des véhicules à moteur thermique au sein de l’Union européenne. Une date controversée depuis des années, qui hérisse le poil de l’ensemble du monde automobile ; un choix tantôt qualifié de « purement idéologique », tantôt de « bombe à retardement » et de « machine à chômage ».
Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis que Bruxelles a pris cette décision. Certains fervents opposants d’hier, à l’image de Carlos Tavares, s’opposent aujourd’hui au recul de cette date fatidique au vu des investissements d’ores et déjà réalisés. D’autres, comme Luca de Meo, PDG de Renault depuis 2020, y restent toujours fermement opposés.
Opposé à 2035, mais surtout au processus. Et pour cause. Dès 2025, des sanctions attendent les groupes qui n’auraient pas « suffisamment joué le jeu ». Conséquence, le patron de Renault prévient qu’il continuera de mettre de l’argent « au frigo », au détriment des investissements, pour payer les amendes.
Au moins un cinquième des ventes de la plupart des constructeurs automobiles devront être, à partir du premier janvier 2025, des ventes de véhicules électriques pour éviter de lourdes amendes.
Concrètement, les pénalités fixées sont de 95 euros par gramme de CO2 excédentaire au kilomètre, ce qui correspond peu ou prou à une amende totale de 15 milliards d’euros pour les constructeurs l’année prochaine.
C’est l’Allemand Volkswagen qui risque le plus gros ; tout un symbole ! Selon le courtier Stifel, le groupe pourrait s’exposer à des amendes comprises entre 1,5 et 4,7 milliards d’euros en 2025, en fonction des progrès réalisés pour réduire ses émissions de CO2.
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La France, jusque-là entièrement engagée dans la démarche, quitte à faire du zèle, semble freiner un peu ses ardeurs. Sans remettre en cause la date de 2035, elle s’oppose aux amendes, pointant que « la réalité à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui n’est pas celle à laquelle nous nous étions préparés au départ ».
Une manière d’avouer à demi-mot que les décisions prises ces dernières années ne tenaient pas compte des problématiques industrielles et sociales.
L’Allemagne, de son côté, s’y oppose fortement – observant déjà les conséquences sociales de ces politiques – comme elle s’oppose à la fin accélérée du moteur thermique de manière générale.
Une divergence entre les États membres qui existe aussi sur la question des barrières douanières contre l’importation de véhicules produits en Chine.
Évidemment, personne n’est dupe quant à l’occasion laissée au capital de poursuivre – sous couvert de mauvaises décisions politiques – sa logique financière au détriment des industries nationales. Mais l’idée que les groupes puissent être lourdement pénalisés en pleine période de crise énergétique et industrielle laisse craindre aux travailleurs que ce seront à eux de payer la note.