L’histoire commence il y a plus de quarante ans. Dès 1980, le député communiste André Lajoinie défendait l’idée d’exploiter le lithium de Beauvoir, dans l’Allier. Longtemps restée dans les cartons, cette ambition a fini par trouver un opérateur : le groupe Imerys, déjà présent sur le site. Après des décennies de débats, le projet de mine de lithium sort enfin de terre.
Un gisement colossal
Les dernières campagnes de forage, réalisées en août 2025, ont changé la donne. Alors que le potentiel était évalué à 117 millions de tonnes, les nouvelles estimations portent désormais les ressources à 373 millions de tonnes, avec une teneur supérieure en lithium. Ce qui place Beauvoir parmi les plus grands gisements en roche dure du monde, derrière l’Australie et la RDC. L’exploitation, prévue pour durer initialement 25 ans, pourrait ainsi s’étendre sur un demi-siècle.
Imerys promet une production annuelle de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium, soit l’équivalent de 700 000 batteries de voitures électriques. L’investissement total avoisinerait 1,8 milliard d’euros. Soutenu par l’État et reconnu « projet d’intérêt national majeur », le programme « EMILI » doit entrer en phase pilote en 2026, avant un déploiement industriel en 2028 et une pleine exploitation à l’horizon 2030.
Un projet stratégique pour la France
Pour l’Europe, qui dépend à 90 % des importations, l’enjeu est clair : sécuriser une filière locale et entrer dans cette chaîne de valeur mondialisée du lithium, surnommé « l’or blanc ». La France prend une place centrale là-dedans. À la clé, plusieurs centaines d’emplois directs et indirects dans un territoire marqué par le déclin industriel.
Bien sûr, le projet soulève quelques questions parmi la population. Situé dans un massif classé Natura 2000, il devra convaincre sur ses garanties écologiques. La Commission nationale du débat public supervise les échanges avec la population.
Avec Beauvoir, la France tient une carte maîtresse dans la course mondiale au lithium. Mais ce pari industriel, présenté comme une chance pour la souveraineté énergétique, sera aussi un test : celui de savoir si le pays est toujours capable de réaliser de grands projets ambitieux, qui s’étalent sur plusieurs décennies.