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Le 11ᵉ Salon du Made In France (MIF) fait la une

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Mise à jour le 15 novembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes

Pour sa onzième édition, le MIF Expo bat certainement des records avec plus de 100 000 visiteurs attendus. De tous horizons, ils viennent rencontrer les entreprises françaises qui ont choisi de ne pas délocaliser leur production.

Ce sont plus de 1000 exposants allant des jeans 1083 anti-fashion, aux iconiques parapluies de Cherbourg en passant par les pompes à chaleur Entuis, aux lave-vaisselles Bob de Daan Tech ou aux amandes de la Compagnie des amandes et aux slips français. Il y en a pour toutes les bourses. Les produits fabriqués en France qui sont souvent certifiés par la seule certification sérieuse qu’est Origine France Garantie ne sont pas forcément plus chers que les produits importés. Ce n’est pas la marque de vêtement Navir ou les thés 1336 qui contrediront cette affirmation.

Le « Made In France » n’est pas une affaire nouvelle

En 1980, le made in France était le slogan de la campagne du communiste Georges Marchais. Il écrivait alors que « […] du fait de nos assujettissements à l’étranger, toute relance du marché intérieur tend à provoquer un afflux d’importation de biens de consommation et surtout de biens d’équipement. Il faut donc renforcer les capacités de production dans les secteurs où nous sommes les plus vulnérables pour pouvoir diminuer les importations. » Et l’auteur de poursuivre : « Il faut donc prendre en compte l’ensemble des demandes qui résultent du redressement de productions trop dépendantes de l’étranger et de productions inférieures au niveau des besoins du pays : c’est la base principale d’une politique industrielle dynamique et authentiquement nationale.  » [1]

Depuis, on sait que les politiques néolibérales menées par tous les gouvernements corsetés par les traités européens ont abouti à une désindustrialisation massive de la France. En 2011, l’ancien ministre Philippe Herzog ex-conseiller de Georges Marchais, pouvait ironiser en affirmant que dans la France de 1984, avec l’accueil des premiers centres de loisirs, les Schtroumpfs ont remplacé l’industrie. En effet, la France est bien le pays de l’Union européenne qui s’est le plus désindustrialisé depuis les années 1970. Aujourd’hui, l’industrie pèse un quart du produit intérieur brut européen, 21 % en Allemagne, 20 % en Italie, moins de 13 % en France.

Selon le Centre d’étude et de prospective d’informations internationales (CEPII) dans « l’étonnante atonie des exportations françaises (janvier 2019) » contrairement au sempiternel discours du MEDEF ce ne sont ni les salaires, ni les impôts, qui expliquent la déroute industrielle française, mais de multiples facteurs politiques et sociétaux, et surtout le poids des multinationales dans l’économie française.

Si les délocalisations ont bien permis de maintenir des emplois dans les services, la logistique et le tertiaire, les bénéfices nets pour notre pays se mesurent aujourd’hui clairement de manière négative.

Perte de savoir-faire techniques et technologiques, désertifications de territoires entiers et créations de métropoles, attaque de notre Sécurité sociale, impacts écologiques significatifs dus aux transports des marchandises et à la bétonisation des sols pour construire des entrepôts avec pour conséquence un désenchantement total et une déliaison sociale. À la fracture entre classes sociales s’est ajoutée un fossé entre la France périphérique et les métropoles.

La France sans industrie, celle des plans de sauvegarde de l’emploi qui n’en sauvegardent aucun, c’est la Nation éclatée dans laquelle chacun est tenté de se recroqueviller sur son individualité et sa communauté ou de fuir s’il en a les moyens.

Les français partisans conscients du Made In France

Une étude de l’INSEE 2018 est venue indiquer que :

  • 93 % des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est une manière de soutenir les entreprises françaises ;
  • 91 % des Français estiment qu’acheter un produit français est une manière de participer au maintien de l’emploi en France, mais aussi de préserver les savoir-faire français ;
  • 86 % des Français estiment qu’acheter un produit fabriqué en France est la garantie d’avoir un produit élaboré selon des normes sociales plus respectueuses des salariés.

Le made in France est donc en partie une affaire de conscience qui permet aux consommateurs d’être actifs et de peser pour s’attaquer aux filières de la distribution, contester leurs rentes, réclamer un juste rapport entre la qualité et le prix.

C’est aussi une manière de démontrer à l’oligarchie financière que nous refusons de céder au mirage de l’abondance de produits de mauvaise qualité dont ils inondent les marchés et de redevenir maîtres de notre consommation.

Produire et consommer français avec en tête la raison sociale, l’égalité et l’écologie permettrait à notre république de reprendre force et vigueur. Le made in France est une nouvelle compréhension de la fraternité pour la coopération contre la compétition néolibérale et représente ici et maintenant une étape vers un socialisme républicain. Là encore, c’est l’intervention des travailleurs qui évitera que la prédation du capital opportuniste ne détourne ce mouvement de résistance économique à son seul profit.

Notes :

[1L’espoir au présent, Georges Marchais, Éditions sociales 1980

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