Mais il faut comprendre que le vernis craque dans cette Allemagne qui tourne au rythme de la cogestion depuis des décennies. Les syndicats ont vu certains accords passés avec le patronat voler en éclats, alors qu’ils paraissaient jusqu’ici intouchables. Symbole de cette fracture, la rupture par Volkswagen de l’accord sur la garantie de l’emploi qui était en vigueur depuis 1994. Annoncée début septembre 2024, cette décision avait provoqué une onde de choc, car il devait initialement courir jusqu’en 2029.
Croissance en baisse
C’est dans tous les secteurs de l’industrie que les dirigeants d’entreprises comptent mener aujourd’hui des actions outre-Rhin. Pour eux, il s’agit « d’alerter les partis politiques sur le déclin de l’économie allemande ». Les lobbies patronaux alertent au point de parler d’un « point de bascule » qui mène le pays à « perdre de sa substance économique comme jamais auparavant ».
Cette mobilisation coïncide avec la présentation annuelle du bilan économique par le gouvernement d’Olaf Scholz, qui doit avoir lieu ce mercredi 29 janvier 2025.
Le ministère de l’Économie devrait annoncer une révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2025, passant de 1,1 % à seulement 0,3 % en raison des difficultés qui se prolongent pour plusieurs secteurs clés, notamment l’automobile.
Tensions chez les travailleurs
Si les principaux syndicats n’ont pas directement réagi à cette démarche du patronat, le ton risque de monter quant à la posture à adopter. Le syndicat IG Metall, qui représente de nombreux travailleurs de l’industrie, tente de revenir à une approche de « cogestion » et de compromis, mais cette vision conciliante est loin de faire l’unanimité.
Des mobilisations importantes ont eu lieu récemment, avec 16 000 salariés manifestant lors de l’assemblée générale de Volkswagen à Wolfsburg et 10 000 autres attendant devant les portes. Plus de 20 000 salariés de ZF Friedrichshafen ont manifesté dans une dizaine de villes. Dans la sidérurgie, des salariés de ThyssenKrupp ont manifesté et bloqué le siège à Duisburg.
Malgré la cogestion prônée par certains dirigeants syndicaux, une partie importante des travailleurs reste prête à se mobiliser pour défendre ses intérêts. Le prolétariat industriel allemand compte plus de 5 millions de salariés, dont 2,14 millions sont organisés au sein d’IG Metall.
La mobilisation des patrons risque d’être perçue comme une tentative de faire pression pour des réformes qui iraient à l’encontre de leurs intérêts, entre « flexibilisation » du droit du travail et réduction des cotisations sociales.