Mais là où la génétique apporte une réponse nette aux raisons de la dépigmentation du zèbre, l’Histoire de la marinière en est toujours aux supputations.
Histoire de bandes
Le décret du 27 mars 1858 pour la Marine nationale n’apporte aucune précision. Pour les uns, les 21 bandes bleues correspondent aux 21 victoires de Napoléon. Mais pas d’explication sur les 14 rayures sur chaque manche, longue de trois-quarts pour qu’elle ne dépasse pas de la vareuse…
Pour les autres, les rayures permettent de mieux repérer un homme tombé à la mer. Plus prosaïquement, il semblerait que les rayures proviennent de la nécessité d’économiser la teinture indigo, très onéreuse au XIXᵉ siècle. Dans tous les cas, ce vêtement distinguait les simples matelots et quartiers-maîtres du bas de l’échelle. Jusque-là, les rayures n’étaient pas bien considérées, car réservées aux bagnards, aux bouffons et aux prostituées.
De derniers codes permettent également de distinguer une vraie marinière d’un t-shirt pull marin : la marinière est à 100 % coton et n’a pas de col ; le T-shirt a un bord pour délimiter le col rond ou en V, peut être à manches courtes et de n’importe quel tissu.
Un vêtement mythique, encore cousu en France
À la différence d’autres créations françaises dont la production a été largement délocalisée à l’étranger, la marinière est toujours produite chez nous. Au point que plusieurs marques se disputent le rôle de « fabrique historique » des pulls destinés à La Royale. L’une d’elles, la plus ancienne fabrique textile de Bretagne, Le Minor, ouvre largement ses portes aux visiteurs et vous fait découvrir l’univers des marins et des marins-pêcheurs à travers ses productions.
Consacrée Entreprise du patrimoine vivant, Le Minor fut dirigée dès 1922 par 4 femmes qui écrivirent la saga d’une bonneterie conçue au départ pour les terre-neuvas à qui il fallait des pulls chauds et résistants. Quelques pièces iconiques ont fait la renommée de l’entreprise, comme le kabig [1], en 1950, inspiré du vêtement des goémoniers, ou les jerseys de la Marine nationale.
À l’étranger, la marque est surtout connue au Japon où elle exporte beaucoup de ses produits. Dans les ateliers, on découvre le tissage des étoffes maillées en laine ou en coton, toujours fabriquées sur place, fait unique. La découpe aux ciseaux, le façonnage et des finitions méticuleuses opérées par les ouvrières hautement spécialisées vous montrent toutes les étapes qui mènent à la marinière.
Cette collection s’autorise cependant à emprunter un tissu qui n’est pas fabriqué sur place – une exception –, la maille Rachel réglementaire, pour respecter le cahier des charges historique. Elle crée aussi des variations de coloris ou un pull officier pour répondre aux besoins de nouveauté.
N’hésitez donc pas à faire un saut à Guidel pour découvrir cette production de vêtements typiques de l’univers marin français, voire pour repartir avec votre marinière ou votre kabig…
Guidel : situé à côté de Lorient, entre Vannes et Quimper par la N165. Petite station balnéaire de la côte des mégalithes qui comporte plusieurs plages sableuses.
Visites chez Le Minor pendant les vacances scolaires et l’été, sur réservation : 5 € par personne, gratuit pour - 12 ans.