Elle est finaude l’équipe d’ASO qui, grâce au Tour, nous fait découvrir la France en évitant d’alimenter les guerres de clochers dont les Gaulois sont si friands. Ainsi, c’est par un saut de puce que les coureurs passent de l’arrivée de la 6ᵉ étape à Vire (Normandie) au départ de la 7ᵉ à Saint-Malo en ne marquant pas d’arrêt au Mont-Saint-Michel tout proche.
La légende du Couesnon fou…
Le magnifique ouvrage n’en souffrira pas qui a accueilli plus de 2,7 millions de visiteurs l’an dernier. Demeure l’appartenance du Mont, toujours revendiquée par de farouches bretons qui accusent le Couesnon, fleuve côtier, d’avoir modifié son cours pour passer de Bretagne en Normandie. Rien de réel dans cette affirmation, c’est juste la frontière locale qui a changé en 933, passant de la Sélune au Couesnon. C’est le futur Guillaume le Conquérant qui récupéra le Cotentin offert aux Bretons par Charles le Chauve en 867.
« Le Couesnon, dans sa folie, a mis le Mont en Normandie et le rendra aux Bretons dès qu’il retrouvera la raison. » La légende a la vie dure près de 11 siècles plus tard et fait partie du charme dégagé par « la Merveille de l’Occident » qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.
Chez les corsaires malouins
Saint-Malo (47 000 habitants), pas très loin, est la célèbre cité-corsaire de Duguay-Trouin, Surcouf et du « découvreur » du Canada, Jacques Cartier. Tous y sont enterrés, comme Chateaubriand (Mémoires d’Outre-Tombe), l’acteur Daniel Gélin et le papa de Spirou, Robert Velter dit Rob-Vel. Ancien garçon d’ascenseur (groom), comme Spirou, l’homme n’est pas belge comme on le pense, mais parisien. Il est comme ça des villes à « cimetières de célébrités », telle Saint-Malo.
La ville est fortifiée et il vaut mieux se garer à 200 mètres de l’entrée car la circulation automobile y est parfois compliquée dans les venelles étroites, à moins de circuler en pot à yaourt. À l’intérieur, mais côté mer, la vue est magnifique sur les îlots qui parsèment la baie. Vous pouvez aussi y visiter le Fort National et le Fort du Petit Bé à marée basse puis vous régaler des produits locaux tirés frais de la mer.
À découvrir également quelques malouinières, gentilhommières des XVIIe et XVIIIe siècles construites par des armateurs malouins, et bien d’autres trésors locaux.
Un paysan célèbre...
Le Tour longe les Côtes-d’Armor (en français : les Côtes près de la Mer) mais plonge vers l’intérieur des terres par Calorguen (722 habitants) avant de remonter par Dinan (15 000 habitants). Calorguen retient surtout l’attention pour son citoyen particulièrement célèbre, un paysan retraité nommé Bernard Hinault. Le village est habitué à ce que le Tour rende hommage à son célèbre habitant ; il y est déjà passé en 2000, 2004, 2008 et 2013.
Comme beaucoup de communes bretonnes, Dinan possède un riche patrimoine architectural lié à l’Histoire. Mais ici, c’est à la puissance avec 71 monuments classés, 2 700 mètres de remparts, 14 tours de défense ou de guet, quatre portes monumentales et un donjon ! Un peu plus loin, Saint-Brieuc (45 000 habitants) vaut pour son architecture mais aussi sa baie, une réserve naturelle où transitent 50 000 oiseaux.
De l’Armor au pays d’Argoat
C’est ici que le Tour bifurque vers l’Argoat (la forêt), une région mal délimitée et littéralement boisée et pas près de la mer. Un parcours de quelque 70 km sur lequel les mollets auront à forcer un peu, passant du ras du sol à des montées modestes mais permanentes vers Plédran (157 m), Plœuc-sur-Lié (209 m), Berlouze (221m) et Mûr-de-Bretagne (293 m) sur 2 km d’une côte à 6,9 %.
Le parcours à l’intérieur des terres est campagnard. Mûr-de-Bretagne (2 049 habitants), village d’arrivée, est caractéristique de l’Argoat et s’est associé au village de Saint-Guen pour devenir Guerlédan, gagnant ainsi 452 habitants.
C’est un havre de tranquillité avec son lac de retenue du barrage et ses activités nautiques. Plusieurs points de vue panoramiques valent la balade tranquille, au rond-point du lac et à l’anse de Trégnanton, sur son côté sauvage.
