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11 avril 1942, l’attentat du pont Césarine

Un épisode clé de la résistance communiste dans le bassin minier

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Mise à jour le 18 avril 2025
Temps de lecture : 6 minutes

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Seconde Guerre mondiale PCF Histoire

Dans la nuit du 11 au 12 avril 1942, trois résistants communistes, membres des Francs-Tireurs et Partisans français (FTPF), Charles Debarge, de Harnes, Moïse Boulanger de Loison-sous-Lens et Marcel Ledent de Courcelles-les-Lens, abattent une sentinelle allemande et blessent grièvement un deuxième soldat à Lens, au pont Césarine.

Né en 1909 à Harnes, Charles Debarge était un simple militant local du Parti communiste, correspondant de L’Enchaîné et de L’Humanité. Resté fidèle au Parti communiste après le pacte germano-soviétique, il est mobilisé en septembre 1939, avant d’être renvoyé dans son foyer en tant qu’affecté spécial, c’est-à-dire soldat détaché de son unité et affecté dans une usine de guerre sous statut militaire.

Un communiste harnésien

Debarge participe à la collecte des armes abandonnées dès la débâcle du printemps 1940 et à la création des premiers groupes de l’Organisation spéciale (OS), l’ancêtre des FTP. À partir du mois de juin 1941, il est recherché par les Allemands en raison de son rôle pendant la grande grève des mineurs du Pas-de-Calais. Arrêté le 6 août 1941 par la Feldgendarmerie, il parvient à s’évader du centre d’otages de Lille où il avait été transféré avant d’être interrogé. Sa tête est alors mise à prix pour 100 000 francs.

À la fin de l’année 1941, après un séjour à Paris, il est chargé par la direction clandestine du PCF du Pas-de-Calais d’organiser une campagne de sabotages. Debarge est en lien avec Julien Hapiot, devenu, aux côtés de René Camphin, le responsable du PCF clandestin pour le Pas-de-Calais, chargé plus particulièrement de l’organisation militaire.

Sabotages dans le bassin minier

Les carnets rédigés par Charles Debarge, conservés au musée de la Résistance de Champigny, évoquent les actions de Debarge et des jeunes FTP du bassin minier : « 23 décembre 1941. Depuis quelques jours, mon activité se basait sur l’organisation d’un vaste sabotage aux machines d’extraction de la fosse n°4 des mines d’Ostricourt. J’avais mobilisé 23 hommes pour ce travail que je réunis dans les environs de cette fosse, sans leur dire le but de notre travail. Tous les hommes que j’avais mobilisés répondirent à l’appel. À l’heure indiquée avec cette équipe, je pénétrais à l’intérieur du carreau de la mine : De suite je m’aperçus que nous ne pouvions pas réussir notre travail, car le nombre d’ouvriers, qui étaient employés ce jour-là, nous auraient empêché d’accomplir à bien notre mission, en plus la sécurité de mes hommes n’aurait pas été assurée. Je donnais l’ordre ainsi de se replier. Nous pûmes sortir en silence sans nous avoir fait remarquer. »

Deux jours plus tard, Debarge et son groupe parviennent finalement à effectuer le sabotage prévu et à provoquer « 15 jours d’arrêt complet à cette fosse qui produisait 13 000 tonnes par jour ».

Moïse Boulanger faisait partie de la vingtaine d’hommes rassemblés par Debarge pour l’opération du 25 décembre 1941. Né en 1909 à Harnes comme Debarge, mineur à la fosse 7 des mines de Dourges, il participe, aux côtés de Debarge, et de Marcel Ledent à l’attaque contre la centrale de Loos-lès-Lille, où étaient détenus de nombreux résistants, le 12 janvier 1942.

Au début de l’année 1942, l’étau se resserre autour de Charles Debarge. Plusieurs de ses hommes, qu’il réunit le 10 avril pour préparer l’attentat du pont Césarine, refusent de participer à une opération qui risque de provoquer de nouvelles mesures de représailles. Le 11 avril 1942, Charles Debarge, Moïse Boulanger et Marcel Ledent sont accompagnés d’Henri Gouillard, un jeune instituteur d’Harnes, frais émoulu de l’École normale d’Arras. Après l’attentat du pont Césarine, la répression allemande est féroce. Le 14 avril 1942, les Allemands fusillent 35 otages. L’annonce de cette nouvelle exécution paraît dans les journaux de la collaboration, comme Le Grand Écho du Nord.

Le sort tragique de Charles Debarge et de ses hommes

Marcel Ledent est arrêté le 30 avril 1942 à Carvin par la gendarmerie française pour « menées communistes, détention illicite d’armes, sabotage et terrorisme ». Condamné à mort par le tribunal militaire d’Arras le 8 juillet 1942, il est fusillé dans les fossés de la citadelle d’Arras le 23 juillet.

Henri Gouillard est pris en chasse le 10 juin 1942 à Hulluch par la brigade de gendarmerie de Carvin après le cambriolage des Mines de Lens. Cerné par les gendarmes, il refuse de se rendre et engage la fusillade contre ses poursuivants dans laquelle il est blessé. Conduit à la gendarmerie de Lens, il est torturé avant d’être livré à la Gestapo. Condamné à mort par le tribunal militaire allemand le 9 octobre 1942 pour menées communistes et possession d’armes, Gouillard est fusillé à Arras le 27 octobre 1942.

Moïse Boulanger est arrêté le 11 septembre 1942 par la gendarmerie de Carvin, qui le remet aux Allemands. Condamné à mort par le tribunal militaire d’Arras, il est fusillé le 3 novembre 1942.

Les hommes de la Geheime Feldpolizei (police secrète de l’armée allemande) parviennent à retracer les déplacements de Charles Debarge. Son arrestation est minutieusement préparée. Grièvement blessé au cours d’un échange de coups de feu à Ronchin dans la banlieue de Lille, le 23 septembre 1942, Debarge meurt quelques heures plus tard, à la prison d’Arras, où il avait été transféré, le 23 septembre 1942, sans qu’il ait repris connaissance.

Ses carnets, trouvés par les Allemands dans ses effets personnels, seront plus tard redécouverts par la résistante et journaliste communiste Madeleine Riffaud, qui les publiera, en 1951 aux Éditions sociales. Charles Debarge, le « Fabien des corons », est entré dans la légende…

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