« Femmes de France au camp de Ravensbrück » : ce titre nous rappelle que la France républicaine et laïque a accueilli dans les années 30 des femmes et des hommes de toute l’Europe. Beaucoup fuyaient l’extrême-droite et le fascisme qui se développaient comme une lèpre mortifère… Ainsi certaines femmes, la République ayant été abolie par l’extrême-droite le 10 juillet 1940, furent déportées alors qu’elles croyaient avoir retrouvé un peu de sécurité et de sérénité dans notre pays.
Le rôle de la grève des mineurs de 1941
Le Nord fut, durant l’entre-deux-guerres, une grande région d’immigration. Venus de Pologne, de Belgique, d’Italie, d’Espagne, du nord de l’Afrique, des centaines de milliers de migrants assurèrent la reconstruction de la France après les destructions causées par la Première Guerre mondiale. Beaucoup d’entre eux ont joué un rôle essentiel dans la Résistance, en particulier, lors de la grande grève des mineurs de mai-juin 1941.
Sans la participation des abatteurs polonais, italiens ou espagnols, cette grève aurait été un échec. Les mineurs l’ont payé chèrement : le premier convoi de déportés parti de France en juin-juillet 1941 fut composé de 244 mineurs dont 136 ne sont pas revenus. Ce mardi 28 mai, des femmes étaient mises à l’honneur grâce à l’exposition « Résistance. Répression. Déportation. Femmes de France au camp de Ravensbrück » et à une table ronde animée par Odile Louage, présidente du Nord des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation. Autour d’elle, deux témoins, Albert Brenner (neveu et cousin de déportés) et Georges Waysand (fils de fusillé et de déportée), sa mère Estoucha, juive et résistante communiste ayant été déportée à Ravensbrück.
À leurs côtés, trois historiens, Monique Heddebaut, spécialiste de la répression organisée par le 3ᵉ Reich et Vichy contre les tziganes et les juifs, Pierre Outteryck, animateur de l’association « Les Ami.e.s de Martha Desrumaux » et Mechtild Gilzmer, commissaire de l’exposition. Mechtild Gilzmer a précisé que le camp de Ravensbrück, situé à 80 km au nord de Berlin, avait été créé par les nazis en 1939. Ce camp compta plus de 120.000 déportés, parmi lesquels 20.000 hommes et plusieurs milliers de jeunes gens et surtout des femmes et des enfants d’une vingtaine de nationalités. Ce camp fut libéré le 30 avril 1945 par l’Armée rouge. Ravensbrück compta plus de 7.000 femmes venues de France.
Trois d’entre elles, vivant dans le Nord lors de leurs arrestations, sont mises en valeur : Martha Desrumaux, Lili Leignel-Rosenberg Keller (âgée de 11 ans) et Joséphine Lagrené, une adolescente.
Une exposition exceptionnelle
Réussir cette exposition est un véritable exploit. Trente femmes sont mises en valeur sur des panneaux regroupant photos, textes et documentations…
Un pôle central permet à chacun de façon interactive de vivre au rythme du camp central et des 44 camps annexes où des femmes, telles des esclaves, allaient travailler pour les entreprises industrielles allemandes.
Les différents intervenants ont souligné le rôle et la place de la Résistance dans ce camp. Très vite, les résistantes politiques assurèrent un travail important dans l’administration et la vie quotidienne du camp, les Allemands étant incapables de tout gérer. Grâce à leur intelligence, à leurs propres histoires dans la Résistance, à leur opiniâtreté, ces femmes ont réussi, malgré la violence des SS, à développer un esprit d’entraide et de solidarité qui a souvent été évoqué par les rescapées de cet enfer.