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Histoire (Pas-de-Calais)

Quand le maire communiste de Nœux-les-Mines était révoqué

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Mise à jour le 29 septembre 2024
Temps de lecture : 4 minutes

Scandale à Nœux-les-Mines  ! En 1922, Louis Monsauret, maire communiste de Nœux-les-Mines, est arrêté pour détournement de fonds.

Né en 1879, ouvrier puisatier, cafetier puis boulanger, Louis Monsauret avait été élu en 1919 tandis que son frère Alfred était élu maire de Barlin.

Accusé de détournement de fonds, Louis Monsauret est arrêté en mai 1922, soupçonné d’être l’auteur des « vols d’argent répétés et mystérieux qui se produisirent à la mairie de Nœux-les-Mines ». La presse parisienne se délecte, à l’image du Matin qui affirme, sans employer aucun conditionnel qu’« il a détourné plusieurs milliers de francs qui lui avaient été confiés pour le monument aux morts », ajoutant plus loin dans l’article qu’après la disparition d’une première somme de 1 000 francs déposée à la mairie dans une boîte à biscuits, c’est la disparition d’une autre somme déposée cette fois dans une armoire dont le maire avait la clé qui a conduit à l’arrestation de Monsauret.

Le Matin ajoute que «  M. Monsauret ne protesta que faiblement, cependant que ses partisans manifestaient un effarement mêlé de colère ». Le quotidien conservateur consacre un autre article à l’affaire Monsauret dans son édition du lendemain, apportant de nouveaux détails sur la supposée mauvaise gestion du maire communiste :

« Au début de 1920, une adjudication avait été faite à la mairie de Nœux-les-Mines pour la fourniture du pain au bureau de bienfaisance de la ville. Un boulanger de Sains-en-Gohelle fut pressenti […] les fournitures furent en réalité effectuées par le maire, boulanger lui-même ».

Six mois en première instance

En première instance, Monsauret est condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Béthune. La sentence est aggravée en appel :

« Condamné à six mois de prison par le tribunal correctionnel de Béthune pour détournement d’une somme de 1 000 francs au préjudice du comité qui s’était formé pour ériger un monument à la mémoire des poilus de Nœux-les-Mines tombés au front, le maire de cette commune, M. Monsauret s’était pourvu en appel. L’affaire vient d’être jugée par la Cour de Douai. La peine infligée à M. Monsauret a été portée à un an de prison sans sursis » rapporte Le Figaro.

Sarcastique, Le Figaro en profite pour tacler l’antimilitarisme des communistes :

« Le citoyen Louis Monsauret […] applique avec conviction ses théories révolutionnaires. Estimant sans doute inutile d’honorer la mémoire des poilus de Nœux-les-Mines tombés au front, il a prélevé sur la souscription du monument aux morts une somme de mille francs pour sa caisse personnelle ».

La peine est confirmée en cassation. Dans la foulée, Monsauret est révoqué de son mandat de maire par le préfet du Pas-de-Calais.

Louis Monsauret innocenté

Assez rapidement, Monsauret est innocenté. Dans son édition du 26 novembre 1922, l’Humanité se réjouit que la vérité éclate :

« Notre camarade Monsauret, maire communiste de Nœux-les-Mines, avait été arrêté sous l’inculpation de vol de numéraire au préjudice de la caisse de souscription au monument aux morts. De simples et vagues présomptions avaient autorisé cette arrestation arbitraire, à laquelle, pour les besoins de la cause, les autorités locales et la presse avaient signifié un caractère politique. Un maire communiste voleur, quelle aubaine  ! Aussi bien, sans la moindre preuve, Monsauret fut condamné à six mois de prison par le tribunal correctionnel de Béthune. Le préfet du Pas-de-Calais le révoqua de ses fonctions de maire. Or, Monsauret, le maire communiste condamné et révoqué […] est innocent. La véritable coupable, Mlle Dubois, employée à la mairie, vient d’être arrêtée pour faux  ».

La voleuse est condamnée le 23 février 1923 à deux ans de prison.

Réélu conseiller municipal de Nœux en 1932, Louis Monsauret est arrêté par la police française en 1940 pour avoir refusé de dénoncer le pacte germano-soviétique et reste détenu jusqu’en 1944.

Il est à nouveau élu maire de Nœux en 1944, mais est battu lors des élections municipales de 1947.

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