Vladimir Ilitch Oulianov, futur Lénine, n’a au départ rien de prédestiné dans son parcours. Mais il suffit parfois d’un rien, d’un geste, d’une étincelle pour allumer la flamme révolutionnaire et changer le cours d’une vie.
En 1887, son frère aîné Alexandre est pendu pour avoir participé à un attentat contre Alexandre III. Cette exécution, vécue comme une tragédie personnelle et une injustice d’État, allume chez le jeune Vladimir une colère froide et une détermination implacable. L’Iskra (étincelle en russe) est là.
Le temps opportun pour la révolution
Il se plonge alors dans l’étude des œuvres de Karl Marx et abandonne bien vite une carrière d’avocat. Militant dans la clandestinité, traqué par l’Okhrana, exilé en Sibérie puis à l’étranger, il devient une figure centrale des cercles révolutionnaires russes. En 1900, il cofonde le journal Iskra, qu’il conçoit non comme un simple outil d’information, mais comme une arme de propagande et de formation politique.
Très tôt, Lénine formule l’idée que la révolution ne viendra pas spontanément. Elle doit être organisée, guidée par un parti d’avant-garde, discipliné, structuré, capable de traduire les colères diffuses en stratégie. C’est de cette conviction que naîtra, en 1903, le courant bolchevik au sein du POSDR, rompant avec les mencheviks jugés trop hésitants.
En 1905, à Petrograd, une manifestation pacifique est réprimée dans le sang. Lénine comprend que le tsarisme ne reculera devant rien. La révolution échoue, mais elle laisse derrière elle des leçons précieuses. Lénine comprend alors grâce à ce Dimanche Rouge qu’il faut un encadrement politique plus affûté, une stratégie claire, une préparation sans faille.
« Tout le pouvoir aux soviets »
La révolution inattendue de février 1917 signe la fin du régime tsariste avec l’abdication de Nicolas II. Mais le pouvoir tombe entre les mains des libéraux et des réformistes. Lénine, encore en exil, précipite son retour de Suisse en avril dans un pays en pleine ébullition.
Il publie alors ses Thèses d’Avril, un texte court et percutant qui tranche avec la tiédeur ambiante du gouvernement provisoire. Fin immédiate de la guerre, nationalisation des terres et des usines. Pour beaucoup, c’est une folie. Pour Lénine, c’est une nécessité historique.
En octobre 1917, les soviets de Petrograd et de Moscou passent sous contrôle bolchevik. Pour Lénine, le moment est venu. Sous son impulsion, dans la nuit du 25 au 26 octobre, les gardes rouges prennent le contrôle des points stratégiques et du Palais d’Hiver, siège du gouvernement provisoire, qui tombe presque sans résistance.
Si l’on connaît le militant acharné, il faut aussi se souvenir du philosophe. En 1909, il écrit Matérialisme et empiriocriticisme, défendant l’idée qu’on ne transforme pas le monde sans le connaître. Pour Lénine, le marxisme est une méthode rationnelle qui sert à comprendre scientifiquement la société pour rendre possible sa transformation. Il s’oppose aux courants relativistes ou spiritualistes qui, en niant l’existence d’une réalité objective, désarment les peuples. Lénine en est convaincu : la révolution n’est pas un saut dans l’inconnu, mais l’acte éclairé d’une classe qui sait où elle va.