Après l’invasion de la Pologne, en septembre 1939, l’occupation de l’Europe de l’Ouest, en juin 1940, la guerre devient mondiale en juin 1941, avec l’assaut allemand contre l’Union soviétique, et s’étend encore en décembre 1941, après l’attaque japonaise de la base aéronavale américaine de Pearl Harbor, dans l’archipel d’Hawaï. La lutte à mort entre les forces de l’Axe et les Alliés est engagée.
Les meutes de U-Boot repoussées
Jusqu’à la fin de 1942, l’Axe avance partout et les Alliés subissent défaite sur défaite, en Asie, sur le front de l’Est, en Afrique. La chute de Stalingrad, le 2 février 1943 marque la date symbolique de la reconquête des territoires perdus par les Alliés. Dès lors, se pose sérieusement la question de l’ouverture d’un second front, tant attendu par les Soviétiques, et du débarquement des troupes anglo-américaines en Europe de l’Ouest. La décision est prise lors de la conférence interalliée de Téhéran, en novembre 1943. Les Soviétiques assurent les Anglo-Saxons qu’ils lanceront une puissante offensive à l’Est dès que le débarquement aura eu lieu.
Mi-1943, les Alliés sont parvenus à repousser les meutes de U-Boot qui occasionnent de terribles pertes dans les convois maritimes transportant armes et matériels militaires des États-Unis vers la Grande-Bretagne et l’Union soviétique, et peuvent amener au Royaume-Uni les troupes et le matériel nécessaires à la libération de l’Europe.
Au cours de la guerre, les Alliés ont mené de nombreuses opérations amphibies. En novembre 1942, ils s’emparent de l’Afrique française du Nord lors de l’opération Torch, qui permet de libérer le Maroc et l’Algérie de la férule du gouvernement de Vichy, et Alger devient la capitale de la France libre. En juillet et septembre 1943, c’est au tour de la Sicile et de l’Italie de connaître des débarquements qui entraînent la chute du régime de Mussolini, même si la conquête de la péninsule s’avérera longue et coûteuse en hommes et en matériel. Les Américains ont encore reconquis de nombreuses îles occupées par les Japonais dans le Pacifique. Sans oublier différentes opérations commandos britanniques en Norvège ou aux Îles Lofoten, en décembre 1941, contre la base sous-marine de Saint-Nazaire en mars 1942, ou encore l’opération Jubilee menée par les Canadiens à Dieppe, en août 1942
« Fortitude », ou l’art de tromper l’ennemi
Lorsque la décision de débarquer en Normandie est prise, les Alliés sont devenus des experts en matière de débarquement, mais l’opération en Normandie est d’une tout autre ampleur que les opérations précédentes. Le choix du lieu du débarquement est délicat à déterminer. Fin 1943, la Normandie est retenue, en raison de sa proximité avec les côtes britanniques et dans la perspective de prendre le port de Cherbourg pour acheminer toute la logistique nécessaire à la reconquête de l’Europe.
Dans ce type d’opération, le renseignement est vital, c’est le rôle qui est assigné à la Résistance française : fournir des renseignements sur les ouvrages du Mur de l’Atlantique, l’armement des bunkers, les unités présentes, l’état du matériel. La qualité des informations communiquées à Londres a joué un rôle essentiel dans le succès d’Overlord.
Un autre aspect de la réussite de l’opération réside dans la capacité à tromper l’ennemi. Dans ce cas précis, il s’agit de faire croire aux Allemands que le débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais, en raison de sa proximité avec les Îles Britanniques. Les Alliés vont tout faire pour les conforter dans l’idée que la côte d’Opale est le lieu choisi pour le débarquement. Pour cela, ils vont inventer une armée alliée fantôme stationnée dans la région du Kent, juste de l’autre côté du Channel. Elle est placée sous les ordres d’un prestigieux général américain, George Patton. Mais cette armée est faite de bois et de caoutchouc. En effet, les avions sont de vulgaires reproductions en contreplaqué, les chars sont des structures gonflables, l’activité radio parfaitement factice et les marques d’activité sur les routes sont provoquées par des camions qui tirent des branches qui soulèvent des nuages de poussière laissant penser que des troupes nombreuses s’activent dans cette paisible campagne anglaise.
Cette opération, connue sous le nom de Fortitude, a parfaitement fonctionné, les Allemands, et au premier chef, Hitler, resteront persuadés pendant plusieurs semaines que le débarquement en Normandie est une opération secondaire et attendront patiemment un débarquement dans le Pas-de-Calais qui ne viendra jamais, et pour cause, gelant sur place des troupes et des chars qui feront cruellement défaut en Normandie, facilitant le débarquement et le déploiement des armées alliées dans l’ouest de la France.